
A Government of Times (Leipzig)
A Government of Times
Un symposium-performance
HALLE 14, Center for Contemporary Arts, Leipzig
28 Mai, 2016
CINÉMAS CONTEMPORAINS
ÉDITORIAL – CHRISTOPHE KIHM / HENRI LANGLOIS : EXPÉRIMENTER, CONSERVER – EXPERIMENTATION, CONSERVATION – DOMINIQUE PAÏNI / L’ART DU CLIGNOTEMENT / GOING ON THE BLINK – LOUIS-JOSÉ LESTOCART / L’EXPÉRIENCE FILMIQUE DU MONDE / THE FILMIC EXPERIENCE OF THE WORLD – RODOLPHE OLCÈSE / DÉBRIS D’IMAGES. FAST FILM, DE VIRGIL WIDRICH – DEBRIS OF IMAGES. VIRGIL WIDRICH’S FAST FILM – EMMANUELLE ANDRÉ / DE NOUVELLES GÉOGRAPHIES VISUELLES / NEW VISUAL GEOGRAPHIES – ALIOCHA IMHOFF & KANTUTA QUIRÓS / PRIMA DELLE RIVOLUZIONI. AVANT-GARDES ARABES DES ANNÉES 2000 – BEFORE THE REVOLUTION… – NICOLE BRENEZ / AU LIEU DU CINÉMA – THE PLACE OF CINEMA – ÉRIK BULLOT / DES FILMS SANS AUTEURS, DE LA SURVEILLANCE À LA FICTION – FROM UNTHOUGHT FILMS TO UNINTENDED FICTION – JEAN-MARC CHAPOULIE / DISPERSION DU CINÉMA ET EXTENSION DU DOMAINE FILMIQUE – THE DISPERSION OF CINEMA AND EXTENSION OF THE DOMAIN OF FILM – DORK ZABUNYAN / INSTRUCTION ET CINÉCRITURE – TWO GREAT EXPERIMENTS IN SEARCH OF CINEMA – ANNE MARQUEZ / O FANTASMA : FRANK BEAUVAIS, JEAN-SÉBASTIEN CHAUVIN, YANN GONZALEZ – WAKE UP AND SMELL THE ROAST ON A CERTAIN TREND IN FRENCH FILMS – PATRICE BLOUIN / JACKY ÉVRARD QUOI DE NEUF CÔTÉ COURT / BIG ON SHORTS / ENTRETIEN AVEC CATHERINE MILLET / ACTUALITÉS / OÙ VA LA FÉMIS – THE FUTURE FOR FÉMIS / ÉMILE SOULIER / CHRONIQUES – CHRONICLES / Valérie Mréjen, Laurent Carceles, Clarisse Hahn, Dominique Marchais, Michael Snow, Érik Bullot, Germaine Dulac, Lawrence Weiner, Frédérique Devaux & Michel Amarger, Alain Della Negra & Kaori Kinoshita, Tony Conrad, Jean-Charles Hue / CINÉMA ET ART CONTEMPORAIN AU BRÉSIL – CINEMA AND CONTEMPORARY ART IN BRAZIL ARIEL SCHWEITZER
https://www.artpress.com/art-press-2–le-sommaire-du-numero-21,8950.media?a=25407
Article en ligne
De nouvelles géographies visuelles
de Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós
Lespratiques expérimentales du cinéma en se déplaçant massivement ces dernièresannées vers le champ de l’art contemporain – le film et la vidéod’artistes apparaissant aujourd’hui comme héritiers légitimes du cinéma expérimental– et en suivant alors le mouvement propre au monde de l’art, toujours plusmondialisé et s’ouvrant aux artistes non-occidentaux, a vu son canon, autrefoisquasi-exclusivement européano-américain, s’internationaliser à son tour. Pour autant, il ne s’agira pas ici, de nousintéresser à la mutation du champ expérimental du point de vue de cettenouvelle visibilité et représentativité d’artistes issus de pays ditspériphériques. Plus décisif sera le projetesthétique expérimental, beaucoup plus marginal, d’un décentrement du cinémalui-même porté par des artistes qui tentent de s’attaquer aux opérationssémiotiques de colonisation des regards et des imaginaires. Des artistes qui,en dialogue avec les études postcoloniales, déploient aujourd’hui autant destratégies visuelles de déconstruction et de critiques de la représentation, visantà opérer des gestes de « décolonisation du voir »[i]pour reprendre les mots du théoricien de l’art Joaquin Barriendos. Noussouhaitons ainsi revenir ici sur trois démarches singulières présentées récemmentà Paris, dans le cadre de l’évènement Quefaire ? art/film/politique qui s’est tenu en 2010 au Centre Pompidou.La vidéo « On three posters » (2004) de l’artiste/performeur RabihMroué, comme mise en crise radicale de la possibilité d’une représentation etd’une traductibilité du contexte libanais, le film « FutureArcheology » (2010) d’Armin Linke & Francesco Mattuzzi utilisant lastéréoscopie comme stratégie d’analyse visuelle et, enfin, le travail filmiquedes artistes anglais Brad Butler & Karen Mirza, qui réactivent levocabulaire du cinéma structurel dans le cadre d’un projet de contre-ethnographie.Des artistes qui s’interrogent sur la circulation entre contextes locaux etglobalité et ont pour dénominateur commun de ne pas envisager l’objet film/vidéocomme point de départ d’une proposition spécifique mais plutôt comme une étaped’un processus plus large, constitué d’aller-retour entre performance, vidéo,ethnographie, architecture, cinéma, intervention in-situ, archives, etc.,conférant un caractère particulièrement expérimental à leur démarche.
Contre-visualités
Ens’intéressant aux anciennes bases militaires et colonies civiles israéliennesétablies puis abandonnées en territoire occupé palestinien, le collectifd’architectes Decolonizing architecturepropose une des analyses contemporaines les plus éclairantes de la colonisation.Le collectif s’attache à ces architectures abandonnées en se demandant quefaire pour leur réappropriation après le départ des colons ou desmilitaires israéliens ? Comment les décoloniser ? Comment les palestinienspeuvent-ils transformer un espace de domination et de guerre en un espace d’imagination ?« L’incidence visuelle des colonies sur lesPalestiniens agit en générant constamment le sentiment d’être regardé. » analyse Eyal Weizman, architecte etécrivain israélien, membre du collectif. Si la structure des colonies est pensée comme undispositif visuel, panoptique, alors l’acte de décolonisation doit passer,d’après le collectif, par une intervention dans le champ de vision. Comme proposition architecturale de réappropriation de ces habitations, Decolonizing architecture suggère ungeste minimal : changer l’orientation des portes et des fenêtres quis’ouvrent sur le paysage. Cette interventionarchitecturale qui réorganise le visible est pensée par le collectif comme«cinématographique» dans le sens où il s’agit d’une intervention dans la fixation des conditions de vision et dans ladirection des manières de voir. Le film Future archeology, réalisé en 3D en 2010 par Armin Linke etFrancesco Mattuzzi est une collaboration avec le collectif d’architectes. Dansce film, les deux artistes italiens emploient de manière expérimentale lastéréoscopie pour permettre une analyse et relecture immersive et intime del’espace. Cet outil permet d’approfondir la cartographie visuelle et cognitivedes dispositifs coercitifs symboliques eteffectifs impliqués par la construction spatiale des colonies. La stéréoscopie en tant que stratégie visuelle permetainsi d’analyser l’organisation des colonies et des campements m
ilitaires commeun dispositif optique, surplombant etsupervisant les villes palestiniennes, organisation qu’Eyal Weizman identifiecomme un « urbanisme optique »[ii]qui tend à maximaliser le pouvoir de visualisation des colonies sur les villespalestiniennes situées en contrebas. Lefilm est un outil dont on utilise alors une propriété sous-exploitée, lastéréoscopie, afin d’amplifier la compréhension de l’architecture de lacolonisation. Le film devient le trait d’union entre un projet expérimental, unprojet politique et l’expérimentation d’une propriété du cinéma.
Ethnographiesexpérimentales
Dansun ouvrage important et très largement méconnu en France, paru en 1999, Experimental ethnography[iii],la théoricienne canadienne du cinéma Catherine Russell montrait lesintrications réciproques du film ethnographique et du film d’avant-garde, etcomment le cinéma expérimental avait pu être et pouvait encore constituer unedes voies les plus importantes de décolonisation de l’ethnographie. Ellerévélait comme le film expérimental avait été une ressource précieuse pour une« ethnographie postmoderne », rénovée par la critique postcoloniale, notammentdans la mesure où le cinéma structurel dans son soucis de déconstruire l’évidence du visible, aurait permis àl’ethnographie de se défaire de son fantasme réaliste au moment où elle prétendaitreprésenter de manière transparente et réaliste les peuples et cultures qu’elleethnographiait. Pour des anthropologues et ethnologues comme James Clifford ou GeorgeMarcus, l’ ethnographie postmoderne met en crise la prétention à l’objectivitéde l’ethnographie moderne et, pour ce faire, la critique de l’authenticité visuelle produite par lecinéma structurel constitue une ressource radicale. Le cinéma structurel(incarné par des cinéastes tels que Michael Snow, Tony Conrad, Peter Gidal ou MalcolmLe Grice), habituellement envisagé uniquement comme exploration des systèmes perceptuels, des structures et dela matérialité du film, aurait plus encore construit les bases d’un cinéma libéréde la prédation visuelle que constitue le projet colonial. Dans la lignée decette réflexion, les cinéastes anglais Brad Butler et Karen Mirza utilisent lagrammaire et les outils du cinéma structurel, pour les ressaisir dans le cadred’une référentialité liée aux sciences sociales. Si leur cinéma est empreintd’une recherche quasi-sculpturale et architecturale (s’intéressant auxmouvements de caméra, à la spatialisation du son, aux dispositifs de projectiondans l’espace d’exposition, via l’installation ou l’expanded cinema, etc), ilsutilisent le cadre conceptuel du film structurel, non tant pour s’interrogersur la matérialité du film que pour en révéler les conditions de production. Plusencore, ils s’intéressent à ce qui survient au film structurel quand cetteforme iconographique occidentale est confrontée à un contexte postcolonial[iv].Esquissant une éthique de la non-réversibilité des places, inscrite dans un soucid’éviter l’indignité de parler pour les autres, le théoricien du cinéma SergeDaney affirmait, qu’en voyage, il ne prenait jamais de photos, qui luisemblaient relever d’autant d’actes de prédation visuelle, mais qu’il selimitait volontairement à n’acheter que des cartes postales, qui, selon lui,émanaient des regards posés par les habitants sur leur propre territoire. Dans The exception and the rule, le dernierfilm de Karen Mirza et Brad Butler, réalisé en 2010, documentaire expérimental,à l’esthétique fragmentaire, les cinéastes placent au centre leur expérience etposition paradoxale de jeunes anglais filmant le Pakistan et l’Inde etinterrogent la figure de l’artiste en voyageur, en nomade, conscients que, « prendreune photo en Inde » est problématique. Brad Butler et Karen Mirzainventent pour ce film une voix et une instance critique à l’intérieur du film,portée par un personnage fictif, figure du collaborateur local. Butler et Mirzautilisent un ensemble d’instances dénaturalisantes, autoréflexives et de misesen crise de la représentation, du point de vue. Dans une scène, qui semble êtreune interview classique de rue, dans un plan fixe et face caméra, un passant,plutôt que de s’adonner à une description de son mode de vie et de sesactivités, décrit méticuleusement ce qu’il voit au moment où il est filmé, lecadre et la ruelle hors-champ, le contre-champ que nous ne voyons pas. Dans unde leur film récent, The autonomousobject ?, Butler et Mirza tentent encore de déconstruire la relation
entre filmeurs et filmés. Dans ce film qui n’est pas sans rappeler le Film Mirror de Robert Morris (1970), les personnes filmées au Pakistan ou en Inde tendent un miroir à la caméra. Ce geste spéculaire se veut ici moins une mise en abime du cinéma qu’une déconstruction de ce point de vue à prétention universaliste qui serait au cœur du cinéma ethnographique. Le film structurel est ici utilisé pour révéler les conditions du visible, la matrice de l’architectonique du regard. Le projet de The autonomous object ?, en tentant d’échapper à l’objectification des personnes filmées, est alors de mettre à jour ce regard qui ne s’énonce pas. Après l’échec des visées humanistes du cinéma documentaire du début des années 2000, qui tentait encore de trouver une juste distance avec les personnes filmées, le cinéma de Butler & Mirza ébauche, quant à lui, quelques pistes expérimentales pour une éthique rénovée du cinéma documentaire et de sa relation à l’autre.
Commentaire performatif
Rabih Mroué, artiste, comédien, metteur en scène salué sur la scène internationale, appartient à une génération d’artistes libanais devenus incontournables dans le champ de la vidéo et de l’art (nous pourrions également citer Akram Zaatari, Walid Raad, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, etc.) mêlant fiction et réalité, retraitant l’archive comme matériau dans une mise en crise de la représentation et de ses évidences, convoquant les motifs de la mémoire, de la réécriture de l’histoire, liés au contexte spécifique de la guerre et de ses séquelles. En 2000, Rabih Mroué et Elias Khoury retrouvent sur les étagères poussiéreuses du siège du Parti Communiste libanais l’enregistrement vidéo VHS de Jamal El Sati, qui, en 1985, enregistrait un témoignage à destination de la télévision, avant d’entreprendre une opération suicide contre l’armée israélienne qui occupait le Sud-Liban. Elias Khoury et Rabih Mroué découvrent sur les rushes quatre prises différentes de l’enregistrement, où Jamal El Sati répète, tel un acteur, la phrase « Je suis le martyr ». La prise retenue à l’antenne fut celle contenant le moins de traces d’émotions et la plus à même d’alimenter la Fabrique du Héros. Le paradoxe de cette phrase « je suis le martyr » qui équivalait à dire « je suis mort » produisait un trouble quant au statut de la vidéo, celle-ci étant supposée être un enregistrement de ce qui a déjà eu lieu. Confrontés à l’image de ce sujet vivant qui se déclare comme étant un corps déjà mort, Rabih Mroué et Elias Khoury, décide de réaliser une performance intitulée « Three Posters » et d’examiner ce geste vidéographique, entamant une interrogation autour d’une épistémologie de l’image. La performance fut invitée à voyager dans de nombreux festivals étrangers, principalement européens. En 2004, Rabih Mroué décide de ne plus jamais réaliser cette performance constatant son appropriation erronée par les médias et la presse étrangère. Il réalise alors « On three posters » (18 min, 2004), vidéo où, Rabih Mroué, face caméra sur fond blanc, explique les raisons qui l’ont mené à ne plus jouer cette performance. Il revient sur l’ensemble du processus : la VHS retrouvée du martyr, puis sur la performance et sa réception. Il indique comment les libanais se sont retrouvés prisonniers d’une double impasse, pendant et après la guerre civile, celle d’un côté de la propagande héroïsante, militaire et sacrificielle d’une gauche libanaise ayant capturé le langage de l’émancipation et de l’autre côté, l’inflation sémiotique des mots « martyr », « attentat suicide », dans la presse européenne, dans le contexte post 11 septembre, opérant de nombreuses confusions entre la situation libanaise spécifique et le spectre du terrorisme islamiste. Entamant une réflexion sur l’impossibilité d’une traductibilité du contexte libanais dans un espace global, Rabih termine la vidéo par ces mots « Pour nous, c’est un combat perdu d’avance ». Cette impossibilité éthique et politique d’une représentation, traduite alors par Mroué par un refus radical de la théâtralité, le conduit à envisager l’espace du langage comme seul espace politique désormais possible. Le dépliement analytique – mise en abime potentiellement infinie – de son processus créatif et la mise en rapport dialectique des écueils rencontrés deviennent la forme même par laquelle il est possible pour Rabih Mroué d’échapper à la récupération politique dont il fut l’objet. Cette réflexion critique et seconde sur une œuvre précédente et son recodage par le monde occidental a pour ambition d’échapper à la réification de l’utilisation de la vidéo et de la performance originelles. Une stratégie du commentaire comme méthodologie expérimentale déconstructive. Le commentaire performatif devient une extension du domaine de l’image, tandis que la question de la vidéo en tant que médium apparait ici alors secondaire, alors qu’elle en est pourtant le vecteur et l’objet premier de réflexion. Ce devenir-commentaire[v] qui fait basculer la forme vidéo vers une pratique cognitive est ce qui permet de déjouer, neutraliser ou tout au moins parasiter la prédation visuelle. Pour autant, doit-on alors l’envisager comme un simple document qui commente et analyse une œuvre précédente, ou bien s’agit-il d’une nouvelle œuvre ? Rabih Mroué, en déplaçant cette frontière de plus en plus poreuse aujourd’hui entre œuvre et document, se rapprocherait davantage de ce que le théoricien de l’art Stephen Wright appelle les documents performatifs, permettant à la fois de documenter et d’activer son projet, un document qui produit l’œuvre auquel il se réfère. Cet usage performatif du document constituant certainement l’un des modes opératoires les plus efficients aujourd’hui pour une expérimentation esthétique et politique dans le champ des images en mouvement.
Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós
[i] Joaquin Barriendos, “La Colonialidad del Ver: Contrapunteo Epistémico, Ocularcentrismo y Transculturalidad” in Cuadernos de debate, Barcelona, VCGD, 2008
[ii] Eyal Weizman, La politique de la Verticalité, 2002, https://www.opendemocracy.net
[iii]  
;Catherine Russell, Experimental ethnography : The work of film in the age of video, Duke University Press Durham and London, 1999
[iv] Brad Butler, How can structural film expand the language of experimental ethnography ?, University of the Arts, London, thèse de doctorat, 2009
[v] Rabih Mroué décline d’ailleurs également « On three posters » sous la forme de conférence-performances. Ce fut le cas notamment en décembre 2010 à Paris, dans le cadre de Que faire ? dont la conférence -performance de Rabih Mroué, On three posters, dans une version longue de 40 minutes, inaugurait l’ouverture au Centre Pompidou.
Y seront montrés, parmi une large sélection notamment
– Sea Swallow’d de Andrew Kötting (2010, UK)
– The Exception and The Rule (2009, 35′, UK) de Brad Butler & Karen Mirza, que nous présentions au mois de décembre 2010.
Police the Police
Young artists Biennial, Bucarest, Roumanie
curator Mica Gherghescu
8 octobre 2010 au 7 novembre 2010
Fondation culturelle Meta
Symposium théorique précédant l’ouverture de la biennale :
“Catcher in the Eye. On inconvenient creative practices, devices and strategies of sousveillance”.
Hungarian Cultural Center – Gina Patrichi (Orlando) Street, no. 8, 9:30-17:00.
Participants:
Iara Boubnova (Bulgaria),
Adrian Guta (România),
Le peuple qui manque – Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff (France),
Thomas Y. Levin (USA),
Marisa Olson (USA/Germany),
Marta Smolinska-Byczuk (Poland)
Jason Waite (USA/UK).
Lire l’article publié par Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros dans le catalogue d’exposition
Dans le cadre de Imaginez maintenant, Bordeaux
PAROLES AUTONOMES
Claire Moulène, Sécession
Du 2 au 4 juillet 2010
LA FAVORITE
Camp de retranchement d’artistes plasticiens, ponctué par des temps d’échanges et de rencontres.
Åbäke // Yann Annicchiarico // Sacha Beraud et Mathieu Carmona // Jean-Marc Chapoulie // Jean-Pascal Flavien // Stéphane Magnin // Justin Meekel et Pierre Fisher // Benoît-Marie Moriceau // Sarah Tritz et Emilie Perrotto // This is not // Xavier Veilhan // Coline Sunier et Charles Mazé // Alex Rich
V / 15 h : Conférence Retour à l’état de Nature : L’Arcadie d’Emilie Renard.
V / 18h : Conférence Sorties de route : réinventer l’espace communautaire de Joanna Warsza.
V / 19h30 : Projection spéciale : « Womanhouse » de Johanna Demetrekas.
S / 15h : Conférence Les formes de l’autonomie de Bernard Rüdiger à l’occasion de la publication habiter l’autonomie – Luciano Fabro.
S / 16h30 : conférence de Julia Peker, doctorante en philosophie, à l’occasion de la publication Cet obscur objet du dégoût 2010.
S / 18h : Conférence Les formes de l’autonomie de Fabien Giraud et Raphaël Siboni.
S / à partir de 19h : Dîner, performance et projection organisés par le collectif Åbäke.
D / 14h : Retour à l’état de Nature : La communauté « Arc en ciel », présentation par Alain Della Negra et Kaori Kinoshita.
D / 15h30 : conférence de Kantuta Quiros et Aliocha Imhoff / le peuple qui manque, sur les Zones d’Autonomie Télévisuelles.
D / 16h30 : Projection spéciale : « Womanhouse » de Johanna Demetrekas (présentation du peuple qui manque).
De la diffusion des films non commerciaux – État des lieux
Journée d’études
Vendredi 11 juin 2010
Ciné 104, Pantin
Journée à l’initiative du Festival Cote-Court et du GNCR
Informations pratiques:
Festival Côté Court
104, Av Jean Lolive
93500 Pantin
+ d’informations: https://www.cotecourt.org/selection/programme/553-table-ronde-hors-circuit.html
Vendredi 2 et samedi 3 avril 2010
Galerie Colbert
Auditorium (rdc)
2 rue Vivienne
75002 Paris
Samedi 3 Avril 2010 – 11h30-12h – Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros
Mujeres Creando / Zones Autonomes Télévisuelles
+ d’infos: https://www.inha.fr/spip.php?article2997
Quand les femmes s’emparent de la caméra @ Forum des images
Histoire des pratiques et théories des représentations.
Extraits de films à l’appui, réunissant des praticien-nes et des chercheur-es, conçu comme une journée de rencontres et de débats, ce colloque propose d’interroger d’un point de vue historique et esthétique les rapports entre femmes, féminisme et cinéma, de questionner l’impact du MLF dans le champ cinématographique et de dresser un état des lieux quarante ans après. Quelles sont les conditions nécessaires pour que les femmes accèdent aux métiers du cinéma ? La prise en main de la caméra par les femmes modifietelle les pratiques et les représentations ? Dans quelle mesure les outils du cinéma et de la vidéo ont-ils pu et peuvent-ils encore aujourd’hui accompagner les luttes féministes ? Qu’en est-il des pratiques contemporaines de production et de diffusion ? Quelle articulation repérer entre le cinéma et les autres arts ?
avec Michka Gorki (auteure/réalisatrice, comédienne), Michèle Brandini (enseignante, membre de l’association A.S.T.A.R.T.I. pour l’art audiovisuel), Monique Martineau (directrice de la revue CinémAction, maître de conférences honoraire), Nurith Aviv (chef-opératrice, réalisatrice), Dominique Cabrera (cinéaste) & Hélène Louvart (chef-opératrice), Jonathan Broda (historien du cinéma, réalisateur), Anne-Marie Faure (réalisatrice et enseignante), Ioana Wieder (réalisatrice, traductrice, cofondatrice du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir), Jean-Paul Fargier (critique, réalisateur, enseignant), Rosine Grange & Vivian Ostrovsky (fondatrices de Ciné-Femmes International), Jackie Buet (cofondatrice et directrice du FIFF), Caroline Chomienne (auteure, réalisatrice, productrice, déléguée générale de Créative caméra), Virginie Martinez (Cineffable Festival international du film lesbien et féministe de Paris), Barbara Wolman (réalisatrice, association V.ideaux), Natacha Henry (auteure et journaliste), Cathy Bernheim (écrivaine, critique de cinéma), Heike Hurst (critique de cinéma), Marie-Hélène Bourcier (activiste et théoricienne queer, maître de conférences), Géraldine Gourbe (enseignante-chercheuse en philosophie de l’art et politique), Claudine Le Pallec Marand (enseignante en cinéma), Nicole Fernández Ferrer & Laetitia Puertas (Centre audiovisuel Simone de Beauvoir), Fabienne Dumont (historienne de l’art), Maria Klonaris & Katerina Thomadaki (cinéastes, plasticiennes, théoriciennes), Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros (programmateurs indépendants, fondateurs du peuple qui manque), Catherine Gonnard (co-auteure de Femmes artistes/ artistes femmes avec Élisabeth Lebovici et documentaliste INA), Nathalie Magnan (réalisatrice, enseignante)
Organisation du colloque Hélène Fleckinger
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES
Centre de sociologie du travail et des arts
SOMETHING YOU SHOULD KNOW: ARTISTES ET PRODUCTEURS AUJOURD’HUI
Patricia Falguières, Elisabeth Lebovici, Hans-Ulrich Obrist et Nataša Petrešin-Bachelez
Mercredi 10 février 2010 à 19h:
Le peuple qui manque : Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós
De 19H à 21H, 96 boulevard Raspail, 75006, Salle Lombard, RdC.
Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós sont curateurs indépendants, critiques, et fondateurs de la structure de programmation et de distribution de films et vidéos le peuple qui manque.
Créé en 2005, le peuple qui manque travaille principalement autour des liens entre art et politique et a ainsi mené, ces dernières années, un travail de monstration et de revisitation de pratiques dissidentes, critiques ou marginales au sein du cinéma, de la vidéo et de l’art contemporain (notamment art queer et féministe, intervention urbaine, cinéma post-colonial, art-action latino-américain, cinéma underground et médias critiques, etc.). Invité à concevoir de nombreuses rétrospectives, festivals, cycles de films ou cartes blanches, le peuple qui manqueest également distributeur d’une collection de 200 films et vidéos et représente aujourd’hui plus de 30 artistes internationaux (dont ORLAN, Kathy Acker et Alan Sondheim, Judith Cahen, Guillaume Dustan, Bernard Heidsieck et Françoise Janicot, Jean-Jacques Lebel, Mujeres Creando, Stéphane Marti, Arnold Pasquier, Howardena Pindell, Oliver Ressler, Carolee Schneemann et Maria Beatty, Del LaGrace Volcano, David Wojnarowicz et Marion Scemamma, Lorena Wolffer, Jud Yalkut, etc.).
On peut citer ainsi quelques programmes et événements : Les écrivains filment (2010, IMEC/Abbaye d’Ardennes), Womanhouse (2010, Centre Pompidou), Groupes d’interventions (Beaux-Arts, 2010), Géographies fracturées / A New World Border /Radical East Performance (2009-2010, Centre d’art de Montreuil), Poésie directe et cinéma (Polyphonix, CentQuatre & Festival d’Automne, 2009), Art-action féministe latino-américain (2009, Centre Pompidou), Snap ! Black poetry & film (2009, Le Latina), Actions de corps-exclus (2009, MIX New York), Corps insurgés (2009-2010, cinéma Le Méliès et Centre d’Art de Montreuil, ACT UP New York – DIVA TV, Sankofa Film & Video, Happening !, Berlin Underground 80, Reclaim the streets, Le droit à la folie), Rétrospective Genres / Vidéo et cinéma (Coyotes et frontières, Flaming creatures, Black Queer Art, Sexualités pirates, Pionnières du cinéma expérimental féministe français, Art & féminisme – Ton corps est un champ de bataille, 2007-2008), Nuit 68 (Le Lieu Unique, 2008), Nuit blanche 2006 (Cinéma l’Entrepôt), Politiques de la marche (2006, Festival des Cinémas Différents), etc.
Le peuple qui manque est également le créateur du Festival de Cinéma Queer de Paris (2005 et 2007, cinéma L’Entrepôt, Maison du Japon et Ecole Normale Supérieure)
Cesta / EHESS
105 bd Raspail, 75006, Paris
tél: 01 53 63 51 38
Le séminaire "Something you should know: Artistes et producteurs aujourd’hui" est soutenu par la fondation FABA.
Plus d’informations: https://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2009/ue/350/
Jeudi 14 janvier 2010 à 19h @ Maison Rouge, Paris
Pour clore l’exposition, Jean-Jacques Lebel invite des amis ou collaborateurs du philosophe, psychanalyste, écrivain, penseur Félix Guattari, qui fut son ami pendant plus de trente ans, à intervenir librement au sein de l’installation Monument à Félix Guattari. Avec : Bernard Blistène, Thierry Davila, Alain Jaubert, Bernard Marcadé, Edgar Morin, Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros – le peuple qui manque, François Pain, Facs of life, Jean-Pierre Dollé.
Accès gratuit pour les visiteurs munis d’un billet.
Nous reprenons ici l’entretien que nous avions publié sur le blog elles@centrepompidou
Dans le cadre du
Lausanne Underground Film & Music Festival
17 octobre 2009 @ Lausanne
Cette table ronde partira de l’œuvre de Jack Smith pour développer des problématiques autour du camp. Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux rapports qu’entretenait Jack Smith avec la culture de masse. Nous analyserons comment le cinéaste investit la dimension spectaculaire pour définir le territoire d’une contre-culture ; dans quelle mesure l’excès du grotesque permet-il de construire une identité ? Nous terminerons par une confrontation entre les œuvres de Jack Smith et celles d’Andy Warhol, de Ron Rice et de Ken Jacobs. Par ailleurs, que serait devenu le camp aujourd’hui ?
En présence de Tony Conrad, Jack Stevenson, Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros
+ d’infos: https://www.luff.ch/festival/2009/cinema/jack-smith/jack-smith-et-lesthetique-camp/
Téo Hernández / Bernardo Montet
Filmer / Danser
14 Octobre 2009 au Centre Pompidou
Né au Mexique en 1939, décédé prématurément à Paris en 1992, Téo Hernández est l’une des figures majeures de l’école du corps en France dans les années 70.
Son œuvre prolifique et protéiforme, tournée principalement en super 8, est empreinte de mysticisme baroque et d’une attention voluptueuse au corps masculin.
Ce programme présente quelques films rares et inédits surgis des noces lumineuses – placées sous le signe du duende – de la cinégraphie de Téo Hernandez, filmeur dansant, et du geste chorégraphique de Bernardo Montet.
VITRIOL
(1985) / Bande-son / 8 mn
VLOOF L’AIGRETTE !
(1987) / 20′ / super 8 transféré sur béta numérique/ coul et nb / muet
PAS DE CIEL
(1987) / 28′ / 16 mm / coul. / muet
Programmation / intervenant(s) :
Un programme conçu par Kantuta Quiros et Alexis Constantin (Centre Pompidou, collection FILM)
En présence de Bernardo Montet.
14 octobre 2009
à 19h00
Centre Pompidou Cinéma 2
75191 Paris Cedex 4 métro Rambuteau ou Hôtel de Ville
Séances Film 2009-2010 Autour des collections cinématographiques, entre cinéma expérimental, documentaire, film d’artiste et vidéo, le rendez-vous régulier intitulé « Film », proposé par le Musée national d’art moderne, présente des séances thématiques et des cartes blanches.
Tarifs :6 €, TR 4 € / Gratuit avec le laissez-passer dans la limite des places réservées (sinon 4 €)
Compositeur de musiques électroacoustiques, d’opéras ou d’oratorios, fondateur du mouvement "sensationniste", cinéaste, enseignant, André Almuró s’est éteint le 17 juin dernier à Ivry à l’âge de 82 ans. Nous lui consacrions une séance en décembre 2007 "André Almuró, une cinégraphie homosexuelle radicale", qui fut la dernière présentation publique de ses films.
Né en 1927 et après de premières recherches sonores à partir de 1947, André Almuró devient producteur de radio à la Radiodiffusion française (RDF) en 1950. Il adapte pour la radio des textes de Jean Cocteau, Pablo Picasso, Eugène Ionesco, Jean Genet, Julien Gracq, Jules Supervielle et compose la musique du ballet "Fièvre de marbre" de Maurice Béjart. En 1957, année où il rencontre le jeune Pierre Clémenti dont il fût un temps le Pygmalion, il intègre le Groupe de recherches musicales de la RTF. À partir de 1973, il enseigne à l’Université Paris I Sorbonne. En 1976, il présente sa première action performance Partition avec Ange Leccia; fonde le groupe Son-Image-Corps avec ses étudiants. En 1978, il réalise son premier film, Cortège (musique de Ph. Jubard), qui sera suivi par plus de 30 autres et s’oriente très vite vers un cinéma qu’il qualifiera d’haptique. En 2002, il publie "L’oeil Pinéal, Pour une cinégraphie" aux éditions Paris-Expérimental.
Inventeur avec Jean-Luc Guionnet d’un cinéma haptique, cinéma du toucher, où la caméra non plus guidée par l’oil mais par le bras seul des actants – à la fois filmeurs et filmés – pénétrait au coeur des corps et des agencements de son désir, le cinéma en super 8 d’André Almuró constituait certainement l’une des recherches les plus abouties d’un langage cinématographique "spécifiquement homosexuel". Ses films qu’il réalisait depuis 1978, dans le miroitement de la minéralité des peaux, dans le frémissement sculptural de la rencontre, offraient une expérience unique de vision organique. André Almuró disait peindre, à partir du corps le plus subjectif, caméra au poing (au sens littéral), des « paysages affectifs », et mettre à nu des intensités émanant directement d’interventions corporelles. Son cinéma haptique rendait compte d’un mode de connaissance cinesthésique du monde, le tournage constituant une épreuve de transformation du filmeur. « Ce qui est fait devient ce qui arrive ». André Almuró envisageait le geste filmique en termes d’événement, d’avoir-lieu.
De même, il tenait à l’expérience singulière de la projection. La précarité de ses films, celle-là même de la fragilité et de l’unicité du support super 8, conférait à leur projection, à chaque fois en présence du réalisateur, une dimension rare.
Bien qu’André Almuro ait maintes fois exprimé l’idée que son œuvre cinématographique dût disparaître avec son auteur, il a néanmoins souhaité que celle-ci fût conservée et pût être projetée dans le même esprit que de son vivant, ceci, afin de respecter sa démarche et sa pensée. Il a confié à Philippe Jubard qui a été son ami pendant plus de trente ans, désormais dépositaire légal de son œuvre, le soin d’exécuter ses dernières volontés.
Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff
Le peuple qui manque coordonne la Mineure,
dossier de cinq articles, du Multitudes n°35, hiver 2009
MINEURE : Cinémas Queer
Introduction
Aliocha Imhoff/ Kantuta Quiros
Art/Cinéma/Queer. Cartographie d’un art politique contemporain
Aliocha Imhoff/ Kantuta Quiros
Ruins. Entretien avec Raphaël Vincent
Aliocha Imhoff/ Kantuta Quiros/ Raphaël Vincent
Tongues Untied (extraits)
Marlon Riggs
Descolonizando el cuerpo
Aliocha Imhoff/ Kantuta Quiros
Mon sang est précieux
Mujeres Creando
Dans le cadre du festival Automne en Normandie et du week-end "Corps et identité politique" (Samedi 3 et Dimanche 4 Novembre 2007)
Conférences :
Dimanche 4 Novembre 2007- 17h à 18h :
– La Matrice de la race, généalogie sexuelle
et coloniale de la nation française par Elsa Dorlin.
Suivies des vidéos et spectacles suivants :
Kings and Queens / direction artistique : Michèle Murray et Maya Brosch
Chair amie / chorégraphie : Mari Silès
Merci / performance : Antonia Baehr et Valérie Castan
Ruins / vidéo de Raphaël Vincent
Body Double 21 / vidéo de Brice Dellsperger
Tarif : 8€ pour l’ensemble du Week-End "Corps et identité politique", comportant plusieurs spectacles
Adresse : Théâtre des Deux Rives, 48 rue Louis Ricard 76000 Rouen
Tel : 02.35.70.22.82
Site web : https://www.automne-en-normandie.com/
Un article par Kantuta Quiros et Aliocha Imhoff autour des films
féministes de Mujeres Creando est à retrouver dans la revue Offensive
n°15.
En vente par correspondance au prix de 3.5 € (Chèque à l’ordre de Spipasso à renvoyer à Offensive c/o Mille Bâbords 61 rue Consolat 13 001 Marseille) et dans les très bonnes librairies (Quilombo, La brèche, Publico, Résistances, etc.).
Bidhan Jacobs est doctorant en cinéma à Paris 1 et cinéaste.
Ce texte est paru dans la Gazette du Festival des Cinémas Différents de Paris, à propos de notre programmation Carte Blanche "Politiques de la marche".
Le Peuple qui manque : La Politique de la marche
belle et prodigieuse programmation
comme une seule œuvre d’une puissance rare
reconfigurant le réel par grands bouleversements
des perceptions et des connaissances
non la marche n’est pas un thème mais
une notion labile comme la nitroglycérine
un catalyseur d’infinies possibilités
« La Politique de la marche » est une explosion
monstres, hybrides, communauté ou collectif
plus sensibles que le commun des mortels
provoquent interrogent s’indignent ou s’exclament
nous prennent à témoin de l’ignominie globale
et je me sens la gorge étreint de désespoir
et je crois mourir un instant
mais mon cœur de battre plus fort
par l’art
nous saurons
nous dépasser
vois cette danse macabre à l’esprit de vengeance,
allégorie ricanante que Jérôme Bosch aurait envié
synthèse critique et historique de ce qui anime les foules
réglées au cordeau de la religion, de l’armée,
de la commémoration, du pouvoir absolu et de la révolution
être solitaire en marge et unique a du bon
vois cette créature de lumière
ceint d’un chandelier étincelant
dont le corps sublime se meut au ralenti
dans des postures graciles apaisées mystiques
tel un dieu oublié revenu vers sa progéniture
en souffrance dans un bidonville
massacré à coup de barre
pour figer le temps
vois ces processions mélancoliques
de gays mortifiés par un mal
épouvantable
la fin du monde est bientôt là
les signes sont partout visibles
mais dans l’obscurité qui recouvre le monde
la mort ne nous emportera pas
vois ces hommes nouveaux
à peine remis de leur transformation
lever l’étendard et partir à l’assaut joyeux
d’une identité immense et non plus exclusive
la noblesse du genre humain
vois le meilleur de l’homme à plusieurs
la force de la déambulation
de la pensée en mouvement
parfois hésitante balbutiante
mais qui toujours circule
et qui pas à pas prend de l’ampleur
et la forme dévastatrice
d’une action
juste
vois
et alors tu entendras
cette musique irradier de toi
pourquoi n’ai-je jamais vu ces joyaux
comment vivre sans eux
grâce soit rendue
au « Peuple qui manque »
maintenant
je suis complet
Bidhan Jacobs.
Du défilé martial des puissants infâmes mis en scène par la réalisatrice allemande Ulrike Ottinger aux manifestations de l’Existrans et la Marche contre le sida, filmée par le cinéaste expérimental Sothean Nhieim la politique se fait aussi dans la rue, on le sait. Qui est visible, qui peut occuper et transformer l’espace public.
Si on peut y récupérer la parole, on y expose aussi son corps. Dans sa dérive sensible, Steven Cohen, danseur performer sud-africain, est « au milieu de ». Par sa marche outrée, vulnérable et énigmatique, sa présence vient intensifier le conflit des espaces et des conditions. Mais, offrant son corps splendide, et dans son ambigüité même, son geste se fait aussi adresse et don. La position de l’arpenteur est solitaire, et toute intérieure.
En effet, avec le dispositif Vidéolab, si la marche est articulation d’une promesse de collectif, elle est d’abord de là où peut émerger la pensée, où se loger soi, dans un temps autre, suspensif, mais simultané à la lutte. Pensée qui témoigne, et inscrit à l’intérieur du film, dans le retrait dans la parole, et la coupure avec le spectaculaire, l’improbabilité même du film politique, toujours en deçà, s’il n’est pas insurrectionnel.
Un programme conçu et présenté par Kantuta Quiros et Aliocha Imhoff
Ici ou là-bas
Programme proposé par Le peuple qui manque
Entrée libre
« On avait commencé, ici aux Antilles, par moquer les fils, ceux qui étaient nés là-bas en France (les sociologues disaient : ceux de la deuxième génération), (…) On s’évertuait de partout à les coincer laminairement entre deux impossibles, d’un ici et d’un là-bas, et entre deux identités, aussi frileuses et circonspectes l’une que l’autre, du Français et de l’Antillais. L’idée grossit alors que la seule ressource était l’intégration. Il y eut des leaders nationaux de l’intégration. Il fallait accomplir la citoyenneté irréversible, au lieu même où on vous l’avait accordée, et malgré même la résistance des citoyens patentés, dits français de souche. Mais ils sont, ceux-là qui naviguent ainsi entre deux impossibles, véritablement le sel de la diversité. Il n’est pas besoin d’intégration, pas plus que de ségrégation, pour vivre ensemble dans le monde et manger tous les mangers du monde dans un pays. Et pour continuer pourtant d’être en relation d’obscurité avec le pays d’où tu viens. L’écartèlement, l’impossible, c’est vous même qui le faites, qui le créez.» Extrait de Tout-monde / Edouard Glissant, Paris, Gallimard, 1995, pp. 324