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Cinéma permanent

in Leiris & co
Centre Pompidou Metz

Samedi 30 et dimanche 31 mai 2015 de 10:00 à 18:00
Lieu(x) : Auditorium Wendel, Centre Pompidou Metz
Tarif : Entrée libre sur présentation d’un billet d’accès aux expositions ou au spectacle de Latifa Lâabissi
Durée : En continu

Luis Ospina & Carlos Mayolo / Marine Hugonnier / Kidlat Tahimik / Lonnie van Brummelen, Siebren de Haan / Renzo Martens / Uriel Orlow / Alexandra Leykauf / Francis Alÿs / Pieter Geenen / Armando Queiroz, Almires Martins, Marcelo Rodrigues
Commissariat: Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros

https://www.centrepompidou-metz.fr/cin-ma-permanent

La plateforme le peuple qui manque présente une programmation de films dédiée au « tournant ethnographique de l’art », selon la formule consacrée par le théoricien de l’art Hal Foster (1995), poursuivant le travail précurseur de Michel Leiris entre poésie, art et ethnographie.

Marine Hugonnier, Travelling Amazonia (2006, 23 min, France/GB, VOSTF)

Luis Ospina & Carlos Mayolo, Agarrando pueblo (Los vampiros de la miseria) (1977, 28 min, Colombie)
Marine Hugonnier, Travelling Amazonia (2006, 23 min, France/GB, VOSTF)
Kidlat Tahimik, Why Is Yellow the Middle of the Rainbow ? (1981-1993, 3h, Philippines)
Lonnie van Brummelen, Siebren de Haan & the inhabitants of Urk, Episode of the Sea (Netherlands, 2014, 63 min, VOSTF)
Renzo Martens, Episode 3 (2008, 90 min, Pays-bas)
Uriel Orlow, The Visitor (2007, 16 min, UK, VO)
Alexandra Leykauf, Ethnologisches Museum (2009, 9 min, Allemagne, muet)
Francis Alÿs, Modern Procession (7min, 2002, Etats-Unis)
Pieter Geenen, The Nation (2014, 50 min, VOSTF)
Armando Queiroz, Almires Martins, Marcelo Rodrigues, Ymá Nhandehetama (We used to be many) (2009, 8 min Bresil)
Marine Hugonnier, Ariana (2003, 18 min, France/GB, VOSTF)

 



Kidlat Tahimik, Why Is Yellow the Middle of the Rainbow ? (1981-1993, 3h, Philippines, VO)
Kidlat Tahimik, Why Is Yellow the Middle of the Rainbow ? (1981-1993, 3h, Philippines)Kidlat Tahimik est le cinéaste qui a le plus intensément développé le journal filmé à l’intérieur de la critique culturelle postcoloniale. A partir d’un bricolage discursif autour de sa propre subjectivité, Tahimik interroge ironiquement la construction du primitif, du natif et du prémoderne. Why Is Yellow the Middle of the Rainbow ? (1981-1993), journal filmé de trois heures, explore à la fois l’histoire des Philippines, de la famille de Tahimik et les processus globaux de colonialisme et néocolonialisme. Incorporant des archives, journaux télévisés, homes movies, rushes de voyage, et la documentation d’événements publics et de manifestations politiques, il renverse continument les attentes culturelles des scènes du Premier et du Tiers Monde. Son mouvement entre les cultures en fait, selon l’expression de Trinh T Minh Ha, un exemplaire « Autre inapproprié ». (Catherine Russell, Experimental ethnography, 1999)
Avant d’être cinéaste, Kidlat Tahimik, né en 1942, a fait des études d’économie aux Etats-Unis. Il troqua son nom de naissance, Eric de Guia, pour un autre exempt d’origines coloniales. Réalisateur de cinéma, scénariste et acteur dont les films sont généralement associés au mouvement du Troisième Cinéma pour leurs critiques du néocolonialisme, Kidlat Tahimik, est aujourd’hui considéré comme le père du cinéma indépendant philippin. Auteur du fameux Perfumed Nightmare, vanté depuis 1973 par Herzog ou Fredric Jameson et financé par le Zoetrope de Coppola, son oeuvre a été remise depuis quelques années sur le devant de la scène à la suite de l’éclairage donné aux nouveaux réalisateurs philippins par les programmateurs internationaux.

 

Luis Ospina & Carlos Mayolo, Agarrando pueblo (Los vampiros de la miseria) (1977, 28 min, Colombie)Luis Ospina & Carlos Mayolo, Agarrando pueblo (Los vampiros de la miseria) (1977, 28 min, Colombie, VOSTF)
Parodiant les conventions du cinema documentaire, les deux cineastes colombiens Luis Ospina & Carlos Mayolo – figures du mouvement du Tiers cinema latino-américain-, mettent en crise avec Agarrando Pueblo, ce qu’ils nomment la « porno-misère » des documentaires à destination du public européen, souvent mis en scène, exacerbant un exotisme de la misère.

 

Francis Alÿs, Modern Procession (7min, 2002, Etats-Unis)Francis Alÿs, Modern Procession (7min, 2002, Etats-Unis)
Modern procession est une marche « monumentale » qui a pour points de départ et d’arrivée ce temple de la culture qu’est le MOMA à New York, dans le contexte du déménagement temporaire du MOMA, depuis Manhattan jusqu’au quartier du Queens, le temps de la réhabilitation du musée. Le projet de départ de Francys Alÿs était une procession, calquée sur les processions religieuses traditionnelles, qui transporterait diverses « icônes » de l’art, des oeuvres choisies par lui, du centre vers la périphérie, des beaux quartiers aux quartiers populaires. Architecte de profession, Francis Alÿs vit à Mexico depuis les années 80. Le travail de Francis Alÿs met en oeuvre des déplacements urbains de corps et d’objets.

 

Lonnie van Brummelen, Siebren de Haan & the inhabitants of Urk, Episode of the Sea (Netherlands, 2014, 63 min)Lonnie van Brummelen, Siebren de Haan & the inhabitants of Urk, Episode of the Sea (Netherlands, 2014, 63 min, VOSTF)
« Episode of the sea » est le fruit de deux années de collaboration entre les réalisateurs Lonnie van Brummelen et Siebren de Haan et les habitants d’une île des Pays-Bas. Tourné en noir et blanc, évoquant le style des premiers documentaires, le film montre à la fois la pêche et le tournage de film comme pratiqués par nos ancêtres, comme devenus presque obsolètes.
« Au large des Pays-Bas, une communauté de pêcheurs résiste aux changements douteux requis par le gouvernement. Ancienne presqu’île, la localité de Urk a depuis été rattachée au continent, mais ses habitants refusent de devenir des agriculteurs, parlent un dialecte distinct et tentent constamment de détourner les réglementations absurdes entourant la pêche en haute mer. Si l’attention aux gestes quotidiens de ces hommes de la mer peut faire penser de prime abord à Leviathan, Episode of the Sea en serait plutôt l’antipode. Tourné dans un noir et blanc sublime, magnifiquement cadré, le film alterne les scènes de pure observation et les témoignages déclamés avec une distanciation toute brechtienne. Une expérience esthétique inoubliable qui redéfinit les rapports entre cinéaste et sujet. »(BD, Ridm, Montréal) »


Uriel Orlow, The Visitor (2007, 16 min, UK, VO)Uriel Orlow, The Visitor
(2007, 16 min, UK, VOSTE)
The Visitor is a photo-essay of the artist’s audience with Oba Erediauwa, the current king of Benin. A local narrator follows the artist into the Oba’s palace and recounts the conversation between the European visitor and the royal host and his court of chiefs. The exchange centers on the Benin Bronzes (famously looted by the British in 1897 and now in over 500 museums and collections worldwide), collective memory and the demand for restitution. However, communication remains somewhat elusive, slipping in and out of gaps of cultural and historical difference.

 

Pieter Geenen, The Nation (2014, 50 min, VOSTF)Pieter Geenen, The Nation (2014, 50 min, VOSTF)
Qui êtes-vous lorsque vous habitez dans un pays qui n’existe pas ? Geenen s’intéresse au peuple isolé du Haut-Karabagh, une région de Transcaucasie (Caucase du Sud). Cette région appartient officiellement à l’Azerbaïdjan, mais est de facto une république indépendante. Au temps de l’Union soviétique, le Haut-Karabagh était un oblast arménien autonome de la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. Avec la chute de l’Union soviétique, le Haut-Karabagh déclare son indépendance en 1991. La communauté internationale ne reconnaît toutefois pas le pays, qui est donc depuis des années victime d’un conflit insoluble et simultanément totalement oublié. La population de la région vit en quelque sorte dans le néant depuis le cessez-le-feu de 1994. De quelle façon l’identité se définit-elle à travers le lien que le peuple entretient avec son pays? L’essai vidéo poétique The Nation s’inscrit dans le cadre de l’étude menée par Geenen sur l’identité (nationale) en relation à la mémoire et au pays.

 

Renzo Martens, Episode 3 (2008, 90 min, Pays-bas)Renzo Martens, Episode 3 (2008, 90 min, Pays-bas, VOSTF)
Episode III – Enjoy Poverty examine la valeur émotionnelle et économique de l’exportation la plus lucrative d’Afrique : la pauvreté filmée. À l’instar d’exportations africaines plus traditionnelles telles que l’or et le cacao, les fournisseurs de cette matière première n’en profitent pas, ou à peine. Dans ce contexte, l’artiste néerlandais Renzo Martens lance un programme émancipateur, au fin fond du Congo, qui vise à conscientiser les citoyens pauvres de leur capital principal : la pauvreté. Episode III – Enjoy Poverty, qui conjugue le journalisme d’investigation, la satire et la conscience de soi à travers un regard profondément singulier, est ingénieusement provocateur, souvent ironique et désopilant. « RM ne fait preuve d’aucune humanité, il est l’envoyé plutôt froid et distant de l’entreprise Humanité Compatissante SA. (…) Les films de Renzo Martens ont tendance à soulever d’entrée de jeu la question de l’homme derrière l’artiste. Nous nous demandons si ses intentions sont pures et s’il est de bonne foi. Nous tentons de la sorte de nous disculper, car nous avons peur que, livrés sans protection à notre propre regard, nous soyons complices de l’inhumanité que nous suspectons. Il s’agit bien entendu d’un mécanisme de défense : nous sommes d’ores et déjà complices, mais nous préférons l’ignorer et nous répercutons donc tout sur le cinéaste. – « N’est-ce pas purement cynique, ce qu’il fait là ? » – « Son cynisme n’est que l’attitude d’une âme extrêmement sensible ! » Par de telles spéculations, nous nous soustrayons à la responsabilité de faire face aux dilemmes et aux impasses dans lesquels l’artiste nous entraîne. » Frank Vande Veire, Une bonne nouvelle, commentaire à propos d’Episode III
Né en 1973, Renzo Martens est dîplomé de la Vrije Universiteit de Bruxelles (Belgique). Il réalise de nombreuses oeuvres en vidéo, dont la trilogie des EPISODES, et travaille régulièrement avec d’autres artistes. Il vit et travaille entre Bruxelles, Amsterdam et Kinshasa.

 

Marine Hugonnier, Travelling Amazonia (2006, 23 min, France/GB, VOSTF)
Ce film est tourné sur la route Transamazonienne, un axe routier de près de 10 000 kilomètres qui relie Le Pérou à l’Atlantique. Il évoque ce projet conçu par les dictatures militaires des années 70, dans sa dimension sociale, au regard des industries construites dans ces régions pour le développement du projet autoroutier. Les mêmes matériaux, fer, bois et caoutchouc, sont utilisés aujourd’hui pour construire un chariot et des rails de travelling et mettre la caméra en mouvement sur cette route. 

 

Marine Hugonnier, Ariana (2003, 18 min, France/GB, VOSTF)Marine Hugonnier, Ariana (2003, 18 min, France/GB, VOSTF)
En Afghanistan. Du panoramique comme outil de contrôle et mouvement. Ariana relate le voyage dans la vallée du Panjshir en Afghanistan d’une équipe de tournage partie enquêter sur les liens entre l’histoire de la région et son paysage luxuriant si particulier.
Née en 1969 et vivant à Paris et Londres, Marine Hugonnier réalise des films et des photographies inspirés par le champ de l’anthropologie.

 

Alexandra Leykauf, Ethnologisches Museum (2009, 9 min, Allemagne, muet)Alexandra Leykauf, Ethnologisches Museum (2009, 9 min, Allemagne, muet)
« Dans Ethnologisches Museum, réalisé en 2009 dans le musée ethnologique de Dahlem, Alexandra Leykauf – qui travaille d’une manière générale sur les rapports entre architecture, film et sculpture8 – cherche par le film à arracher l’objet à sa temporalité muséale. Elle montre les objets suspendus, comme flottant dans l’air, coincés entre les lamelles transparentes des vitrines très réfléchissantes qui fonctionnent comme des masques autant que comme des présentoirs. Ces images évoquent précisément un passage du Problème de la forme dans les arts figuratifs d’Adolf von Hildebrand9, sculpteur et théoricien de la sculpture de la fin du xixe siècle. Dans le cinquième chapitre de son ouvrage, intitulé « La saisie du relief », il explique que pour produire un effet de profondeur à partir de la surface, il faut que le spectateur imagine que l’objet, placé sur un fond plat, est installé entre deux lamelles de verre transparentes – la lamelle la plus éloignée du spectateur touchant l’arrière de la figure, la plus proche touchant sa face antérieure. Une fois ce dispositif mental mis en place, l’effet de profondeur se produit dans la bi-dimensionnalité. Or Hildebrand affirme que cet effet de profondeur est à l’origine du mouvement : le creusement de l’espace est dynamique. Lorsque les artistes transforment le film en espace muséal ou en collection, ils n’injectent pas du mouvement dans les œuvres conservées dans les vitrines des musées, mais arrachent celles-ci à leur durée objectale. » Philippe-Alain Michaud, Le film-musée : un changement de durée. in Érik Bullot, Angela Dalle Vacche, Philippe-Alain Michaud et Hervé Joubert-Laurencin, « Cinéma et musée : nouvelles temporalités », Perspective, 1 | 2011, 523-533.

 

Armando Queiroz, Almires Martins, Marcelo Rodrigues, Ymá Nhandehetama (We used to be many) (2009, 8 min Bresil)Armando Queiroz, Almires Martins, Marcelo Rodrigues, Ymá Nhandehetama (We used to be many) (2009, 8 min Bresil)
In the face of so many stereotypes, oral history – as practised in the meeting between Almires Martins and Armando Queiroz – appears as a path by which individual testimony conjures collective memory. More than this, speech, as far as it expresses subjectivity, critical perspective and autonomy, empowers and legitimises itself and the narrator, making mediations unnecessary. The political action which takes place in Ymá Nhandehetama is a reflection of Armando Queiroz’s efforts as an artist, curator, professor, writer and director of Casa das Onze Janelas, a cultural and contemporary arts space in Belém. All of these activities are today characterised by a reflection of the Amazon as a terrain for geographic, economic and identity-based disputes. In his activism, Queiroz often employs readings and workshops as work strategies, in which he and the participants inevitably share power and responsibility in a collective agenda. In this sense, negation is an essential strategy. As Queiroz writes in the text ‘The Amazon is not mine!’: ‘The Amazon is not yours. The Amazon is not. […] The Amazon is not real. The Amazon is not naïve and peaceful. […] The Amazon is not.’ – AMM

 


Sur une invitation du Centre Pompidou Metz sur proposition de Mathieu K. Abonnenc, artiste présenté dans l’exposition Leiris & Co.
Coordination et traductions: Helena Hattmannsdorfer
Remerciements: Les artistes, galeries et ayants droits. Centre Pompidou Metz (Géraldine Celli, Thibault Leblanc), Mathieu K. Abonnenc, Joaquin Barriendos, LUX Distribution (Matt, Alice Lea), Gallery Luciana Caravello, André Bijma, Kees Jaarsveld, Charlotte Van Buylaere, Galerie Fons Welters, Jérôme Baron, Emmanuel Gibouleau.