les écrivains filment #5
Eugène Green, Poétique du cinématographe

Samedi 6 novembre 2010
20h30 – Cinéma Lux, Caen

 

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« La poésie, c’est l’apparition du verbe qui se cache dans les mots ; le cinéma, c’est la parole faite image. » Eugène Green, Poétique du cinématographe, 2009

Le réalisateur du Pont des Arts (2004) ou de La Religieuse portugaise (2009) est d’abord un artiste multiple, écrivain, dramaturge et poète d’origine américaine.
Eugène Green tombe amoureux de la langue française et en croque goulûment les mots jusqu’à les réinventer. Il danse avec les influences baroques pour créer un monde délicieux de poésie et de fantaisie. Fondateur du théâtre de la Sapience en 1977 et cinéaste hors du temps, il aime à bousculer le spectateur en redonnant à la parole une puissance sacrée et non psychologique, laissant sa place au décalage humoristique. Puissant, singulier et délicat, son cinéma est autant influencé par Robert Bresson ou Jean Eustache que par Wong Kar-Wai, Yasujiro Ozu ou Hou Hsiao-Hsien. Eugène Green développe dans ses livres et dans ses films autant de variations sur l’éloquence et l’incarnation de la parole et livre récemment avec Poétique du cinématographe (2009, Actes Sud) une réflexion singulière sur le cinéma qui puise aussi bien dans Boileau, Pascal, Tarkovski ou la Torah.

Premier film d’un réalisateur inclassable, Toutes les nuits est sans aucun doute un objet filmique extraordinaire. Dans cette éducation sentimentale déroutante, inspirée librement du roman de Flaubert, les personnages articulent les mots comme un nouveau langage aux accents d’un autre temps mais étonnamment novateurs. Résultat d’une réflexion palpable sur le cinéma, Toutes les nuits transporte dans une magie incandescente dont on ne saisit jamais tout à fait l’essence.

Film projeté :
Toutes les nuits, Eugène Green, 2001, 1h52

Textes et programmation: Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff