L'artiste en ethnographe
Lundi 28 Mai 2012

Centre Pompidou
Projection – 20h

Cinéma 2, Niveau -1

Ethnographies expérimentales
Francis Alÿs / Dias & Riedweg / Camille Henrot / Jorge Preloran / Luis Ospina & Carlos Mayolo

Luis Ospina & Carlos Mayolo , Agarrando pueblo (Los vampiros de la miseria) (1977, 28 min, Colombie)

Parodiant les conventions du cinema documentaire, les deux cineastes colombiens Luis Ospina & Carlos Mayolo – figures du mouvement du Tiers cinema latino-américain-, mettent en crise avec Agarrando Pueblo, ce qu’ils nomment la « porno-misère » des documentaires à destination du public européen, souvent mis en scène, exacerbant un exotisme de la misère.
agarrando-pueblo.jpg

Jorge Preloran, Iruya (1968, 19 min, Argentine)

Très admiré de Jean Rouch, le cinéaste argentin Jorge Prelorán, a dans les années soixante et, pendant plus de deux décennies, développé un genre très personnel, les « ethnobiographies », documentaires dédiés à des communautés paysannes andines d’Argentine. Quittant l’écriture descriptive et omnisciente des films anthropologiques orthodoxes, jouant sur la désynchronisation, et une forme de narration fabulatoire confiée à ses personnages, Iruya marquait pour Rouch un virage entre le documentaire conventionnel et ce que Rouch lui-même appelerait le cinéma-vérité.
jorgepreloran-iruya.jpg

Francis Alÿs, Modern Procession (7min, 2002, Etats-Unis)
Modern procession est une marche « monumentale » qui a pour points de départ et d’arrivée ce temple de la culture qu’est le MOMA à New York, dans le contexte du déménagement temporaire du MOMA, depuis Manhattan jusqu’au quartier du Queens, le temps de la réhabilitation du musée. Le projet de départ de Francys Alÿs était une procession, calquée sur les processions religieuses traditionnelles, qui transporterait diverses « icônes » de l’art, des oeuvres choisies par lui, du centre vers la périphérie, des beaux quartiers aux quartiers populaires. Architecte de profession, Francis Alÿs vit à Mexico depuis les années 80. Le travail de Francis Alÿs met en oeuvre des déplacements urbains de corps et d’objets.
alys_modernprocession.jpg

Camille Henrot, Coupé/décalé (5min, 2010, France)
Coupé/Décalé est un film expérimental qui se réfère au format ethnologique, mais qui a été scindé manuellement, au propre comme au figuré, pour obtenir un léger écart. Cette manipulation fait apparaître une ligne continue qui sépare les images en deux parties décalées, une seconde après l’autre. En copiant littéralement une tradition Océanienne, Coupé/Décalé renverse le point de vue et incarne une forme de Culte Cargo à l’occidentale. Coupé/Décalé aborde cette mécanique du mimétisme, où ce qui est copié n’est pas une forme culturelle en soi, mais plutôt l’idée que l’on s’en fait. Par un curieux effet d’aller et retour le saut à l’élastique, reproduction occidentale d’une tradition mélanésienne, conditionne la forme « destinée aux occidentaux » de ce même rituel.
camillehenrot2.jpg

Dias & Riedweg, Funk Staden (13min, 2007, Brésil)
Les artistes brésiliens Dias & Riedweg ont collaboré avec des danseurs de funk des favelas de Rio pour établir une connexion entre le Funk Carioca et le livre d’Hans Staden (1527-1578) « Histoire Vraie et Description d’un Pays d’Hommes Nus, Féroces et Anthropophages dans le Nouveau Monde ». Ce travail montre comment la représentation de l’autre aux premiers jours des interactions entre européens et tribus indigènes du Nouveau Monde diffère probablement assez peu de la façon dont les médias modernes se servent aujourd’hui de leur puissance pour marginaliser, à des fins politiques et économiques, certain groupes sociaux. Les artistes opposent cette vision médiatisée de l’autre en mettant en exergue un phénomène contemporain des favelas de Rio de Janeiro resté jusque là caché aux yeux extérieurs et en invitant les danseurs de funk à réinterpréter, comme des tableaux vivants contemporains, neuf des gravures sur bois originales du livre d’Hans Staden. « Funk Staden », réalisée pour la Documenta 12 à Kassel, ville natale d’Hans Staden, comble les quatre cent cinquante ans qui séparent Hans Staden des funkeiros, annihilant ainsi les fossés culturels et historiques qui séparent les deux époques.
funk_staden.jpg

Last Tweets

  • Kantuta Quirós aux Beaux Arts du Mans ce mardi 21 mars ! @ESADTALM https://t.co/tJ5HuAi4e8- samedi 18 Mar - 6:19
  • Aliocha Imhoff interviendra aux Beaux-Arts de Nantes en compagnie de Myriam Mihindou, Dénètem Touam Bona, Fabiana E… https://t.co/AmXxfVLbEY- samedi 26 Nov - 1:09
  • Dans le cadre du programme "Avant, tout cela était la campagne", et à l'invitation de de l'Associació Catalana de C… https://t.co/Eoi2pgEpcE- samedi 26 Nov - 1:07
  • Un très beau compte-rendu de la Journée de préfiguration de l'Ecole des Impatiences, par Anne-Sophie Groué Ruaudel… https://t.co/3vhplS0jdx- jeudi 24 Nov - 7:39
  • L'école des Impatiences en Une de @paris_normandie Un très bel article par Anne-Sophie Groué Ruaudel… https://t.co/XjvPxJJ7yH- jeudi 24 Nov - 7:37
  • RT @nosimpatiences: SAVE THE DATE Journée de préfiguration de l'édition 2023 Rendez-vous le samedi 12 novembre 2022 au Drakkar (Dieppe) à 1…- mardi 18 Oct - 8:10
  • Résidence de recherche @AwareWomenArt à la Villa Vassilieff, deadline : 6 novembre 2022 https://t.co/VLXi2guNgD- mardi 18 Oct - 3:44
  • RT @EURArTeC: #RencontresArTeC Retrouvez notre table ronde autour des parutions Les vies autonomes, une enquête poétique (C. Breteau) et Qu…- lundi 3 Oct - 7:03
  • Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós présenteront "Qui parle ?" (@PUF, 2022) dans le cadre des rencontres @EURArTeC à… https://t.co/sbiThWbHQg- dimanche 2 Oct - 2:05