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Bétonsalon

Centre d’art et de recherche, Paris
Exposition – 22 janvier au 13 avril 2013
Une proposition d’Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros

Rendez-vous
Un programme de rencontres conçu par Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros

SAMEDI 16 MARS 2013
:: 14H30
APRES-MIDI MONIQUE WITTIG
Temporalités, mythologies et fictionnalisation de l’Histoire dans l’œuvre de Monique Wittig

Avec Benoît Auclerc, Yannick Chevalier, Catherine Ecarnot, Dominique Samson, Suzanne Robichon

Benoît Auclerc« Ce qui « n’a pas de nom pour l’heure » : nomination et réalités invisibles ».
Benoît Auclerc est maître de conférences en littérature à l’Université Lyon 3 et travaille sur les relations entre littérature et politique.

Yannick Chevalier est maître de conférences en stylistique française à l’Université Lumière Lyon 2. Ses travaux portent sur l’articulation entre langue et genre. Benoît Auclerc & Yannick Chevalier sont les directeurs de l’ouvrage Lire Monique Wittig aujourd’hui (Editions PUL, 2012).

Catherine Ecarnot Touner en rond pour aller où ? Les figures cycliques chez Wittig
Catherine Ecarnot est l’auteur de la première thèse consacrée en France au travail de Monique Wittig et a publié L’Écriture de Monique Wittig. A la couleur de Sappho, à L’Harmattan, en 2002.
Elle interviendra sur la dimension cyclique du temps chez Monique Wittig.

Dominique Samson, nièce de Monique Wittig, auteure d’une thèse en Sciences de l’Education intitulée L’ombre de l’auteur : des rapports de force dans l’acte d’écrire. L’intervention de Dominique Samson portera sur la bibliographie qui clôt le Brouillon pour un dictionnaire des amantes, comme lieu d’une double mise en scène : mise en scène d’une autre histoire et de collectifs réels et imaginaires.

Suzanne Robichon, fondatrice de la revue Vlasta, revue des fictions et utopies amazoniennes, co-directrice avec Marie-Hélène Bourcier du colloque et de l’ouvrage Parce que les Lesbiennes ne sont pas des femmes – Autour de l’oeuvre politique, théorique et littéraire de Monique Wittig (éditions gaies et lesbiennes, 2002).

Monique Wittig (1935-2003), auteure d’une oeuvre importante influencée par le Nouveau Roman, joua dès avant 1970 un rôle décisif dans l’apparition du mouvement de libération des femmes : publiant autant des manifestes politiques (co-auteure du premier manifeste Pour un mouvement de libération des femmes en 1970), des oeuvres littéraires (L’Opoponax (1964), Les Guérillères (1969), Le Corps lesbien (1973), Brouillon pour un dictionnaire des amantes (1976), etc.) que des textes théoriques tels que La Pensée straight (1980) dans lequel elle définit l’hétérosexualité comme régime politique, et qui a profondément influencé le courant des études queer. Monique Wittig a également participé à la création du MLF et de nombreux groupes militants. Chez Monique Wittig, l’écriture féministe de l’histoire utilise les procédés du mythe ou de la fable pour constituer une histoire qui n’existe pas encore, toute tendue vers le futur, et depuis une narration grammaticalement féminisée. Les « porteuses de fables », dans le Brouillon pour un dictionnaire des amantes, co-écrit avec Sande Zeig, incarnent une histoire cyclique, ordonnée « autour « d’histoires comme Histoire » et l’imaginaire au service d’un nouveau monde. Le Brouillon constitue à la fois une parodie des études patriarcales et la création d’une Histoire des femmes »1, qui suit la maxime des Guérillères, autre somptueux livre de Monique Wittig : « Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente ». 2013 est l’année anniversaire des dix ans de sa disparition.

1) Kate Robin, Du nulle part au partout : l’utopie de Wittig pour changer le présent et l’avenir, revue Temporalités n°12-2010 « Utopies / Uchronies »

MARDI 26 MARS 2013
:: 19H
PENSER THERESA HAK KYUNG CHA

À l’occasion de la publication de la première monographie sur l’artiste coréenne-américaine Theresa Hak Kyung Cha (1951-1982), son auteure, Elvan Zabunyan, reviendra sur ce travail singulier à la croisée de la performance, de l’art conceptuel, de la vidéo et de la poésie. Theresa Hak Kyung Cha, Berkeley, 1968 paraîtra fin mars 2013 aux Presses du réel.

L’un des motifs les plus importants de l’oeuvre de l’artiste conceptuelle américaine d’origine coréenne, Theresa Hak Kyung Cha concerne sa représentation de l’Histoire, marquée par l’expérience de l’exil et la migration, de la dislocation temporelle, culturelle, géographique et sociale. Oeuvre la plus connue de Cha, son dernier livre Dictée (1982) fut publié quelques jours avant son tragique assassinat et peut être considéré comme une autobiographie. Dictée est l’histoire de femmes, correspondant aux neuf Muses de l’antiquité grecque, et mélange voix et registres narratifs (journaux, récits allégoriques, rêves) comme métaphores de la dislocation, de la perte et la fragmentation de la mémoire.

Elvan Zabunyan, historienne de l’art contemporain, est maître de conférences habilitée à l’Université Rennes 2 et critique d’art. Ses recherches portent sur l’art nord-américain depuis les années 1960 et notamment le tournant 1970 autour des questions raciales et féministes. Elle travaille depuis le début des années 1990 sur les problématiques issues des cultural studies, des théories postcoloniales et des études de genre en cherchant à construire, grâce à ces pensées critiques, une méthodologie de l’histoire de l’art contemporain articulée autour d’une histoire culturelle, sociale et politique. Elle a publié Black is a color, une histoire de l’art africain américain (Dis Voir, 2004 et 2005 pour la version anglaise), co-dirigé plusieurs livres et a écrit de nombreux articles dans des ouvrages collectifs, des catalogues d’exposition et des périodiques.

SAMEDI 30 MARS 2013
:: 14H30
REECRIRE L’HISTOIRE DE L’ART : FICTIONS ET NARRATIONS (POST)FEMINISTES

Dans Differencing the Canon (1999), l’historienne de l’art Griselda Pollock, indiquait, qu’écrire une histoire féministe de l’art, ne revenait pas simplement à réintégrer des artistes femmes au canon 2. On peut postuler que produire un féminisme, et pourrait-on dire, une queerisation de l’histoire de l’art, revient également à une modification épistémologique de la discipline ‘histoire de l’art’ et plus particulièrement de ses mises en récit et ses formes narratives. C’est par l’invention ou le déploiement de nouvelles technologies d’écriture (telles que le recours à la fictionnalisation d’archives et aux métafictions historiographiques (Carola Dertnig, Cheryl Dunye ou Roee Rosen), au montage non-linéaire (Renée Green, Carla Lonzi), au reenactment (Faith Wilding)) que les artistes, écrivaines, historiennes de l’art (post)féministes mettent en crise les temporalités linéaires et les formats normalisés d’écriture de l’histoire de l’art.

2) Griselda Pollock, Differencing the Canon : Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories, Londres / New York, Routledge, 1999 ; dont le premier chapitre a été traduit de l’anglais par S. Sofio et P. E. Yavuz, in Griselda Pollock, « Des canons et des guerres culturelles », Les Cahiers du Genre, n°43, « Genre, féminisme et valeur de l’art », 2007, p.46

Avec Carola Dertnig, Fabienne Dumont, Jules Falquet, Hélène Fleckinger, Laura Iamurri, Giovanna Zapperi

14h30
Fabienne Dumont, historienne de l’art, Ecole Supérieure d’Art de Quimper Reenactment de performances féministes : l’exemple de Faith Wilding, de Waiting (1972) à Wait-With (2007)
Outre la projection d’extraits de la performance originelle et de sa reprise dans les années 2000, ce sont les contextes historiques du mouvement féministe californien des années 1970, des valeurs éthiques issues de ces années-là, et la pertinence de leur réactivation 40 ans plus tard, auxquels Fabienne Dumont s’attachera.
Fabienne Dumont est professeure d’histoire de l’art contemporain à l’EESAB, auteure d’une thèse, Arts et féminismes dans les années 1970 en France (PUR, à paraître), directrice de l’anthologie La rébellion du Deuxième Sexe (Presses du réel, 2011). Elle prépare un essai monographique au sujet de Nil Yalter et vient de publier un article dans le catalogue Linder Femme/Objet du MAMVP.

15h30
« Lora Sana », PERFORMANCE de Carola Dertnig, artiste, Vienne
Ce sont des recherches approfondies sur l’histoire de la performance – le livre Let’s twist again (2001) et le projet Lora Sana, deux enquêtes sur son historiographie et sa documentation- qui ont mené Carola Dertnig à s’interroger sur la place des femmes au sein de l’Actionnisme viennois et à l’absence de leurs noms dans les ouvrages d’histoire de l’art. Carola Dertnig est partie à la rencontre de ces femmes fantômes dont les archives de cette période charnière ont pourtant conservé des preuves visuelles. La figure fictive de l’artiste Lora Sana naît de la synthèse de discussions réalisées avec Hanel Koeck et Annie Brus, toutes deux actionnistes dans les années 50 – ou plutôt « modèles », tel étant leur statut de l’époque. Le projet de Carola Dertnig s’ancre dans un projet de réécriture de l’histoire de l’art, mêlant archives et vrais témoignages et métafictions historiographiques, permettant ainsi de questionner la valeur d’une archive depuis une perspective féministe. A l’image de plusieurs artistes de l’exposition, Carola Dertnig fraie un chemin entre les silences de l’histoire de l’art, des sources et des archives quant au rôle des femmes artistes et la nécessité de produire littéralement celles-ci lorsqu’elles viennent à manquer.

16h30
Laura Iamurri, historienne de l’art, est chercheuse à l’Université de Roma Tre. Elle a publié de nombreux essais sur Carla Lonzi, préfacée la nouvelle édition de Autoritratto (Milan 2010), et publié le recueil des écrits sur l’art (avec L. Conte e V. Martini, Milan 2012).
et
Giovanna Zapperi, historienne de l’art, Ecole Nationale Supérieure d’Art de Bourges

Une discontinuité radicale : Carla Lonzi, 1970 En 1969, Carla Lonzi, historienne et critique d’art, publie sous le titre Autoritratto (Autoportrait) ses conversations avec 14 artistes. Les entretiens précédemment enregistrés font l’objet d’un montage dans lequel les temps se superposent et s’entremêlent : le résultat est une longue conversation apparemment sans pauses, dans laquelle la temporalité n’a plus aucune linéarité, et le passage du langage oral à sa transcription est souvent thématisé. Après la publication du livre, Lonzi abandonne la critique d’art pour se consacrer au féminisme. La parution du Manifesto di Rivolta femminile, en juillet 1970, marque le début de la pensée la plus radicale du féminisme italien.

17h30
REECRIRE L’HISTOIRE : FICTIONS ET NARRATIONS (POST)FEMINISTES
Jules Falquet, sociologue, maîtresse de conférence, Université Paris 7

« Apports théoriques des féministes Chicanas à partir du travail artistique et militant »

Jules Falquet travaille notamment sur les théories féministes —matérialistes, imbricationnistes et décoloniales en particulier. Elle a récemment coordonné avec Paola Bacchetta et Norma Alarcón, un Cahier du CEDREF sur les Théories féministes et queersdécoloniales, interventions Chicanas et Latinas états-uniennes.

18h30
Hélène Fleckinger, historienne du cinéma, maîtresse de conférence, Université Paris VIII « Auto-représentation politique et fictions performatives. L’exemple des cinémas féministes et homosexuels en France dans les années 1970 ».