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Au-delà de l’effet-Magiciens

6-7-8 février 2015
Fondation Gulbenkian & Les Laboratoires d’Aubervilliers

Une géographie globale de l’art s’est imposée depuis la fin des années 1980. Une scénographie diplomatique imagine durant trois jours, d’autres géographies possibles de l’art.

Comme on le sait, depuis la fin des années 1980, une nouvelle géographie internationale de l’art s’est imposée, un tournant global qui aura pu être décrit par le théoricien de l’art Joaquin Barriendos comme l’effet-Magiciens[1]. Souvent narré comme un décentrement du canon – autrefois principalement européano-américain – ainsi que des politiques culturelles qui l’accompagnent, celui-ci semble plutôt réengager un nouveau langage géopolitique universel: « l’art mondial comme lingua franca postcoloniale offerte au monde, par l’Occident »[2]. Ce régime géoesthétique repose ainsi sur un profond paradoxe, perpétuant des asymétries et des hiérarchies au cœur de ce nouveau récit mondialisé : une fragmentation des récits, une ouverture aux études postcoloniales, aux savoirs situés et aux épistémologies du Sud d’un côté, contre un retour du méta-récit autant que du musée global (comme ultime avatar du musée universel) et le déploiement de la world art history comme méthodologie, de l’autre.

L’art global a échoué, alors, quels autres régimes géoesthétiques inventer et déployer dans les années à venir ? Quels gestes instituants serait-il nécessaire de produire pour provoquer un tel virage ? Enfin, quels musées et institutions ré-imaginer?

Sous la forme d’une scénographie diplomatique, ce symposium s’ouvre par un espace de déposition puis engage des propositions qui seront négociées diplomatiquement où nous nous proposerons d’inventer collectivement, d’autres régimes géoesthétiques contemporains, tout en prenant acte de la puissance de la fiction et des expériences de pensée à produire des scripts, des scénarios qui agissent comme des opérateurs performatifs sur les possibles.

Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós

Avec Kader Attia (artiste), Joaquin Barriendos (théoricien de l’art), Romain Bertrand (historien), Tania Bruguera* (artiste), Fernando Bryce (artiste), Gustavo Buntinx (historien de l’art, curateur), Pascale Casanova (théoricienne de la littérature), Eder Castillo (artiste), Emmanuelle Chérel (historienne de l’art), Cesar Cornejo (artiste), Jérôme David (théoricien de la littérature), Charles Esche (curateur, théoricien, directeur du Van Abbemuseum), Olivier Hadouchi (historien du cinéma), Maria Hlavajova (directrice artistique BAK), Eduardo Jorge (écrivain, essayiste), Mathieu Kleyebe Abonnenc (artiste), Kapwani Kiwanga (artiste), Pedro Lasch (artiste), Olivier Marboeuf (directeur artistique de Khiasma), Vincent Message (essayiste, romancier), Yves Mintoogue (doctorant en sciences politiques), Jean-Claude Moineau (théoricien de l’art), Julia Morandeira Arrizabalaga (commissaire d’exposition), Malick N’Diaye (historien de l’art), Vincent Normand (auteur, commissaire d’expositions), Olu Oguibe (artiste), John Peffer (théoricien de l’art), Estefanía Peñafiel Loaiza (artiste), Revue Afrikadaa (Pascale Obolo, Louisa Babari), David Ruffel (directeur artistique), Lionel Ruffel (théoricien de la littérature), Elena Sorokina (commissaire d’exposition), Ida Soulard (historienne de l’art), Boaventura de Sousa Santos (sociologue), Camille de Toledo (écrivain, artiste), Susana Torres (artiste), Françoise Vergès (politologue), Nicolas Vieillescazes (philosophe).



Commissariat et direction
: Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós.

Avec le soutien de la Mairie de Paris, de la Région Ile-de-France, de la Fondation Calouste Gulbenkian – Délégation en France, les Laboratoires d’Aubervilliers. Une publication suivra également, soutenue par l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes/l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole et les Presses Universitaires de Rennes.
Production: le peuple qui manque
Coordination: Isabelle Montin, Helena Hattmannsdorfer, Viola Giulia Milocco, Riccardo Ferrante
Scénographie: Adel Cersaque

logos-magiciens


* sous réserve

[1] Présentée en 1989 au Centre Georges Pompidou, Les Magiciens de la Terre, s’est pensée comme la première exposition planétaire. Exposition monumentale et polémique, elle proposait de réintégrer dans l’espace de l’art ces géographies artistiques longtemps oubliées, tenues à la lisière du canon de l’histoire de l’art et de ses récits officiels. Son commissaire, Jean-Hubert Martin, y convoquait une centaine d’artistes et « non-artistes » issus de scènes asiatiques, africaines, latino-américaines. Postulant la déroute des histoires de l’art occidentales pour se saisir de ces scènes, Martin faisait appel aux discours ethnographiques et anthropologiques comme outils heuristiques, qui se substituaient tout autant aux histoires de l’art endogènes. Les paradoxes de cette exposition innervent aujourd’hui encore une large part – que ce soit pour s’inscrire dans sa filiation ou opérer aujourd’hui encore un démontage critique de ses présupposés – des réflexions qui sous-tendent les débats muséologiques sur l’internationalisation de l’art. Selon Joaquin Barriendos, le « globocentrisme esthétique » résulterait de l’ « effet-Magiciens », avec pour supposition que le tournant spatial de l’art global a commencé à Paris, en 1989, comme conséquence du révisionnisme cosmo-éthique initié par l’emblématique exposition Les Magiciens de la Terre.

[2] Joaquín Barriendos, Un cosmopolitisme esthétique? De l’« effet Magiciens » et d’autres antinomies de l’hospitalité artistique globale. , in Kantuta Quirós & Aliocha Imhoff (dir.), Géoesthétique, B42, 2014

Crédit image: « Untitled map drawing » (2009, ink on paper, 50 x 60 cm) by Landon Mackenzie