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Les invités

Kader Attia (artiste), Joaquin Barriendos (théoricien de l’art), Romain Bertrand (historien), Tania Bruguera* (artiste), Fernando Bryce (artiste), Gustavo Buntinx (curateur, historien de l’art), Pascale Casanova (théoricienne de la littérature), Eder Castillo (artiste), Emmanuelle Chérel (historienne de l’art), Cesar Cornejo (artiste), Jérôme David (théoricien de la littérature), Charles Esche (curateur, théoricien), Olivier Hadouchi (docteur en cinéma), Kiluanji Kia Henda* (artiste), Maria Hlavajova (directrice artistique BAK), Eduardo Jorge (écrivain), Mathieu Kleyebe Abonnenc (artiste), Kapwani Kiwanga (artiste), Pedro Lasch (artiste), Olivier Marboeuf (directeur artistique de Khiasma), Vincent Message (essayiste, romancier), Yves Mintoogue (doctorant en science politique), Jean-Claude Moineau* (théoricien de l’art), Julia Morandeira Arrizabalaga (commissaire d’exposition), Malick N’Diaye (historien de l’art), Vincent Normand (auteur, commissaire d’expositions), Olu Oguibe (artiste), John Peffer (théoricien de l’art), Estefanía Peñafiel Loaiza (artiste), Revue Afrikadaa (Pascale Obolo, Louisa Babari), David Ruffel (directeur artistique), Lionel Ruffel (théoricien de la littérature), Elena Sorokina (commissaire d’exposition), Ida Soulard (historienne de l’art), Boaventura de Sousa Santos (sociologue), Camille de Toledo (écrivain, artiste), Susana Torres (artiste), Françoise Vergès (politologue), Nicolas Vieillescazes (philosophe)

 

Boaventura de Sousa SantosBoaventura de Sousa Santos is Professor of Sociology, University of Coimbra (Portugal), and Distinguished Legal Scholar at the University of Wisconsin-Madison. He earned an LL.M and J.S.D. from Yale University and holds the Degree of Doctor of Laws, Honoris Causa, by McGill University.  He is director of the Center for Social Studies at the University of Coimbra and has written and published widely on the issues of globalization, sociology of law and the state, epistemology, social movements and the World Social Forum. He has been awarded several prizes, most recently the Science and Technology Prize of Mexico, 2010, and the Kalven Jr. Prize of the Law and Society Association, 2011.  His most recent project ALICE: Leading Europe to a New Way of Sharing the World Experiences is funded by an Advanced Grant of the European Research Council. The project was initiated in July 2011 and will continue for the next five years. His most recent books in English are: Toward a New Legal Common Sense: Law, Globalization and Emancipation. London: Butterworths, 2002; (editor) Democratizing Democracy. Beyond the Liberal Democratic Canon. London: Verso, 2005; (co-editor, with Cesar Rodriguez-Gavarito) Law and Globalization from Below: Towards a Cosmopolitan Legality. Cambridge: Cambridge University Press, 2005; The Rise of the Global Left: The World Social Forum and Beyond. London: Zed Books, 2006; Another Production is Possible: Beyond the Capitalist Canon. London: Verso, 2006; Another Knowledge is Possible: Beyond Northern Epistemologies. London: Verso 2007; Cognitive Justice in a Global World: Prudent Knowledges for a Decent Life. Lanham: Lexington Books, 2007; Voices of the World. London: Verso 2010; Epistemologies of the South: Justice against Epistemicide (Paradigm Publishers, 2014); If God Were a Human Rights Activist (Stanford University Press, 2015, forthcoming).

 

Camille de Toledo (écrivain, artiste, commissaire, vit et travaille à Berlin)
Camille de Toledo, 2012 - photo de P. Journé « Eutopia : le pays où la traduction est la langue »

Quelle histoire du décentrement, du déséquilibre, du vertige, se dessine, à partir de cet espace que je nomme « entre-des-langues » ? Quelles mondes, quelles communautés, quelles appartenances se pensent à partir de « la traduction-comme-langue » ? En quoi le travail sur l’écart et l’espace qui s’ouvre, entre les langues, m’a aidé à habiter le non-lieu, l’u-topos où nous sommes ? Quels liens se tissent entre cet espace et la nécessité de reconstruire un horizon d’attente et comment ce que je nomme « espoir », au sens de Ernst Bloch, ou « potentialités » ou « futurs » se déploient à partir d’une mémoire juive éclatée ? Ce sont ces questions que je tenterai d’ouvrir en évoquant « Eutopia », un projet aux dimensions multiples,  documentaire, théorique, plastique, et littéraire…
Camille de Toledo vit à Berlin. En 2004, il obtient la bourse de la Villa Médicis dans les deux catégories “cinéma” et “littérature”. En 2005, il entreprend l’écriture de Strates : une archéologie fictionnelle, ou apparaît pour la première fois le thème du ‘vertige’. Au printemps 2008, il crée la Société européenne des Auteurs, conçue comme une « fiction institutionnelle ». En 2010, il est en résidence à la Ménagerie de Verre. Son installation, “Hantologie-s : une résidence surveillée” provoque son exclusion. En mars 2010, son roman, Vies pøtentielles, paraît aux éditions du Seuil. En 2013, il signe le livret et la vidéo de l’opéra La Chute de Fukuyama, présentée Salle Pleyel. A Berlin, en 2014, il présente « Sécession ». Au sein de l’entité Mittel-Europa, il travaille actuellement à plusieurs pièces et narrations, notamment : « L’exposition potentielle », « History reloaded » et une utopie aux dimensions multiples intitulée « Eutopia : le pays où la traduction est la langue », sous le nom CHTO.

 

Cesar Cornejo (artiste, basé à Lima, Pérou)
Puno Museum of Contemporary Art Conciliating Opposites
Cesar CornejoThe Puno Museum of Contemporary Art was created in 2007 as a response to the absence of a museum of contemporary art in Peru at that time. It departs from the premise that in order to create a model of museum that responds to the reality of a place of extreme economical, social and cultural differences like Peru, it needs to depart from the existing resources or lack of them, to create a model that embodies the same reality rather than imposing an artificial one. Puno MoCA stands as an alternative to the traditional model of museum at different levels including the exhibition space, relationships between viewer and the host, who beyond benefiting from being part of the experience of having art works displayed in their homes, sees in it the much more mundane but concrete purpose of having their homes improved.
Cesar Cornejo has received awards from the Creative Capital Foundation, Lower Manhattan Cultural Council, The British Council and the Ministry of Education of Japan among others. He has exhibited and completed public projects in South America, Asia, Europe and the US. His work has been included in exhibitions like V Bienal el Barro, Venezuela, S-Files Museo del Barrio, NY, Busan Biennial in South Korea and Art Positions at Art Basel Miami 2011. His work will also be included in the Havana Biennial 2015 and the In+Out 2015 pilot project for the Poznan Biennial in Poland. He received a PhD in Fine Arts from the Tokyo University of the Arts and a license in Architecture from the Ricardo Palma University in Lima Peru. He is associate professor of art at the University of South Florida in Tampa.

 

Charles Esche (curateur et théoricien) Charles Esche
Charles Esche
(1962) is a curator, director, writer and Afterall publisher. In April 2014, he was awarded Bard College’s Audrey Irmas Award for Curatorial Excellence. The prize honors multiple things including Esche’s endless commitment to rethinking what art can do and redefining what it can be. He currently directs the Van Abbemuseum in Eindhoven, and over the past two decades has been involved in exhibitions as:Strange and Close at CAPC, Bordeaux (2011); An Idea for Living at the U3 Slovene Triennale (2011);the 2nd and 3rd RIWAQ Biennials in Ramallah, Palestine (2007/2009); the 9th International Istanbul Biennial (2005); and the 4thGwangju Biennale, Republic of Korea (2002). He curated the 31st Sao Paulo Bienale which opened in the fall of 2014.

Gustavo Buntinx (historien de l’art, curateur, vit et travaille à Lima)
Gustavo Buntinx« Magna cum laude » de l’Université Harvard, Gustavo Buntinx (Pérou, 1957) a enseigné à l’Université de San Marcos (San Marcos), de Lima, de Buenos Aires (UBA), l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM) et de Sao Paulo (USP). Ses projets curatoriaux et livres les plus connus explorent les relations entre l’art et la violence, l’art et la politique, l’art et la religion. Dans cette lignée, EPS Huayco : document (2005). En tant qu’historien de l’art et commissaire, et alors qu’il est d’abord spécialiste de questions contemporaines, il a également édité des publications importantes sur l’esthétique coloniale et républicaine. Ses publications et expositions ont été accueillies par des institutions péruviennes (Museo de Arte de Lima, Instituto Cultural Peruano Norteamericano, Bienal de Trujillo, entre autres) et internationales (MIT Press, Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey, Museo Real de Bélgica, International Center for Visual Arts de Londres, Museo Extremeño e Iberoamericano de Arte Contemporáneo en Badajoz, New Museum de Nueva York, Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires, et autres). Il a dirigé à Lima le Museo de Arte Italiano et le Musée d’Art de San Marcos et été, de 2001 à 2006, directeur général du Centre Culturel San Marcos. Depuis deux décennies, il est le chauffeur/curateur du Micromuseo, un projet de musée alternatif, conçu à l’origine, en réponse à la carence d’institution muséale au Pérou. Buntinx est membre fondateur de plusieurs institutions civiques et académiques. Il a participé à Sociedad Civil, le collectif créateur de «Lava la bandera » et à d’autres initiatives citoyennes qui ont bénéficié d’un grand soutien populaire et joué un rôle important dans le renversement culturel du gouvernement d’Alberto Fujimori.

David Ruffel (directeur artistique de Masnâa, vit et travaille à Casablanca)
David RuffelCe qui est là
David Ruffel est le directeur artistique de MASNAÂ, manifestation pluridisciplinaire et internationale à Casablanca. Il co-dirige la structure L’école de littérature qui organise depuis 2011 des projets transnationaux réunissant en France et au Maroc des écrivains, des artistes, des chercheurs, des étudiants principalement marocains, français, états-uniens et du monde arabe. Il co-dirige la collection chaoïd aux éditions Verdier en France. Il est spécialiste de littérature contemporaine et a publié de nombreux articles dans des revues. Il a été co-commissaire de l’exposition « L’Hors » à Toulouse en 2004 et commissaire de l’exposition « Vidéopoésie » à Casablanca en 2012 (Galerie Fatma Jellal).

 

Eduardo Jorge (écrivain, essayiste)
Eduardo Jorge (photo: Carolina Ariza)Vers une pensée morphologique: une topologie des fictions critiques.
Pourquoi parlons-nous d’une topologie de la fiction critique ? Si chaque fiction pouvait se représenter comme un nœud dans l’espace, nous pourrions cartographier certains lieux inventés par les artistes et les mettre en résonance avec la critique. Nous essayons ici de discuter une morphologie de la fiction afin de repenser cette dernière au moyen de concepts appartenant à d’autres disciplines. Ainsi, une installation ne pourrait-elle pas nous inviter à sortir de l’espace muséal ? Un tel geste constituerait une opération critique qui modifierait le topos de l’exposition. On propose une lecture rétroactive de l’installation Mission/Missions, conçue en 1986 par Cildo Meireles et montrée en 1989 pour l’exposition Magiciens de la terre ; on pourrait même reconstruire une fiction critique de cette œuvre, en considérant les 2.500 tibias de bœufs, les 700 hosties et les 600 000 pièces de monnaies au regard de son sous-titre qui fait allusion à l’art de bâtir des cathédrales.
Eduardo Jorge a soutenu une thèse sur les textures de l’animalité dans la littérature et les arts visuels en cotutelle entre le département de philosophie à l’ENS (Paris) et le département de théorie de la littérature de l’Université Fédérale de Minas Gerais (UFMG) sous la direction de Dominique Lestel et Maria Ester Maciel. Il développe le projet de recherche « Peuples sans carte, cartes sans peuple (Images et puissances de la terre) » à l’Institut d’Études du Langage (IEL) de l’Université de Campinas – (Unicamp/FAPESP) à São Paulo, au Brésil.

 

Elena Sorokina
Elena Sorokina (Photo by Ana Vega)(Science) Fictional Universalism
This presentation is based on the project Zero Gravity Revolt (2012), which designed a speculative museum of the future. Based on the rare texts from the 1930s Soviet science fiction, the history displayed and narrated in this museum follows the example of a classical dystopia applied to today’s concerns. It starts with a diplomatic agreement organizing the colonisation of the Solar System, and finishes with the end of the Anthropocene world. This presentation, entitled (Science) Fictional Universalism, is an exhibition of the exhibition, a « narrated show », reinterpreting the events which constituted the original project. Every exhibition opens more questions than it can answer, and this presentation will focus on issues which remained marginal in the original exhibition: politics and geography of the sci-fi of this particular period and region, and the very early ideas of « mobility », « spatial precarity » as well as 1930s obsession with the ideas of the « universal modernity ».
Elena Sorokina is a Russian-born, Paris based curator and art historian, alumna of the Whitney Museum of American Art ISP in New York. She obtained her masters degree in art history from the Friedrich Wilhelm’s University in Bonn, Germany. She recently co-organized « Spaces of Exception » a special project for the Moscow Biennial, the symposium « What is a postcolonial exhibition? », a collaborative project of SMBA/Stedelijk Museum Amsterdam and the Stedelijk Museum. Her recent exhibitions include (selection): « Temps Trituré. Agnes Varda » at LVMH in Brussels, « Petroliana » at Moscow Museum of Modern Art; « Laws of Relativity » at the Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin; « On Traders’ Dilemmas » at Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco; “Scènes Centrales » at Tri Postal, Lille; « Etats de l’Artifice » at the Musee d’Art Moderne de la Ville de Paris, and others. She published in numerous catalogs, and has been writing for Artforum, Flash Art, Cabinett Magazine, Manifesta Journal, Moscow Art Magazine, and other publications. Sorokina is a frequent speaker in international conferences and has been invited as guest lecturer to ISCP, New York; Garage CCC, Moscow; Centre Pompidou, Paris, and other institutions.

 

Eder Castillo (artiste, Tlalnepantla, México)
Eder Castillo (2014)The Museum Inflamable (GuggenSITO)
The cultural institution, the museum as representational space, had been left behind in front of its own dialogue mechanisim crisis, each time farther away from the true themes and social conflicts, the museum have not stablished yet horizontal dialogues with their public. GuggenSITO emerges as alternative critic figure towards the Modern Cultural Institution. It manifests and works as an inflate dispositive, at the same time it emules and deconstructs the monumental architecture of the actual museum, hybrid, habitable sculpture capable of transport itself as many territories as possible. Always in free manner for public use. Its final goal is to be destructed by its own nature. In progress https://www.guggensito.blogspot.mx/
Eder Castillo is an autodidact artist. His work actives and confronts the public space, the limit spaces and the action spaces of the contemporary art. His work has been shown in Sala de Arte Publico Siqueiros; Museum of Art Queretaro; Oaxaca Contemporary Art Museum; Museo Marte, El Salvador; Museum of contemporary Art and Desing, Costa Rica; Plataforma, Bogota; Lugar a dudas, Cali; Art Museum, Puerto Rico; among others. He made an artistic residency at Plataforma Bogota in 2012. He won the FONCA fellowship in 2012-2013 and 2010-2011. He was jury of the Video Festival « Inquieta Imagen 2011 » in MADC, Costa Rica; also in Del Plano al Cubo, organized concourse by Cultural Office of España in Mexico in 2011 among others.


Emmanuelle ChérelEmmanuelle Chérel
(historienne de l’art, Nantes)
Emmanuelle Chérel est docteure en Histoire de l’art contemporain habilitée à diriger des recherches, membre du laboratoire de recherche Langages, actions urbaines et altérités de l’Ecole Nationale d’Architecture de Nantes. Travaillant sur les dimensions politiques de l’art, elle a écrit de nombreux textes (Mouvement, Black Camera, Multitudes, etc) et a publié Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes – Enjeux et controverses (PUR, 2012). A l’Ecole supérieure des Beaux-arts de Nantes, elle mène depuis 2008 le projet de recherche Pensées archipéliques nourri des théories postcoloniales et décoloniales. Elle est membre du groupe Ruser l’image et codirige actuellement avec Fabienne Dumont l’ouvrage  « Histoire de l’art et postcolonialité en France : quels enjeux ? » (à paraître aux PUR).

 

Estefanía Peñafiel LoaizaEstefanía Peñafiel Loaiza (artiste, est née à Quito, Equateur, en 1978 et vit à Paris depuis 2002)
Diplômée de l’Ecole National Supérieure de Beaux Arts de Paris, elle a participé à des programmes de post-diplôme, à plusieurs résidences et ateliers, et expose régulièrement en France et à l’étranger. Travaillant avec des médiums et langages divers, parmi les axes thématiques qui traversent ses ouvres se trouvent, un intérêt particulier pour l’histoire et les déplacements, ainsi qu’une exploration constante des tensions entre le visible et l’invisible, l’apparition et la disparition, le regard et la parole.
Recréations – performance
Cela a pu être aussi bien une architecture qu’un site. Un lieu tout autant qu’un pays. Des espaces, des territoires plus ou moins concrets qui me sont apparus à chaque fois comme matière et matériau, support et substance, corps et récit, et que j’ai tenté d’appréhender, dans ma pratique, en les fictionnalisant, en décentrant le regard, en renversant les coordonnées spatiales et temporelles. Dans cette démarche, l’appropriation apparaît parfois comme une pratique nécessaire, mais seulement intermédiaire. À la fin,  seule la régurgitation est décisive. Un passage du livre « Ecuador » de Henri Michaux, revisité sous la forme d’une conversation utopique en contrepoint avec le poète.

Fernando Bryce (artiste, Lima/New York)
Fernando BryceFernando Bryce was born in Lima in 1965 and now divides his time between Lima and Berlin. After a short period of studies in Visual Arts at the Catholic university in Lima he travels in 1984 to Paris where he continues his Art Studies at the University of Paris VIII and at the École des Beaux Arts de Paris. Received the prize for the National Biennial of Lima 2000 and the fellowship at the German Academy in Rome, Villa Massimo 2009. Selected Ehibitions of the last years:”To the Civilized World” Gallerie Barbara Thumm, Berlin; “Drawing Modern History”, MALI, Lima, MUAC, Mexico City, MALBA, Buenos Aires, 2011/2012; « El Mundo en Llamas », Alexander and Bonin Gallery, New York, 2011 (Solo Show); Drawn from Photography, The Drawing Center, New York, 2011; Historias de la Vida Material, Fundación Helga de Alvear, Cáceres, 2011; Modelos para armar, pensar Latinoamérica desde la colección del MUSAC, León, 2010; Linie Line Linea, Zeichnung der Gegenwart, Kunstmuseum Bonn, 2010; « L’Humanité », Galería Joan Prats, Barcelona, 2009 (Solo Show);

 

Françoise Vergès (politologue)
Françoise VergèsCartographies et dynamiques de l’oubli
La notion d’oubli –de groupes, de minorités, de territoires, d’histoires—est une constante en politique. Elle sert à articuler la critique d’une marginalisation pour en réclamer la disparition. L’oubli est le résultat d’une idée de l’Etat-Nation (démocratique ou pas) et une nécessité du capital. Une dynamique croisée de ces deux nécessités construit une cartographie d’espaces qui soit plongent dans l’oubli car ils ne sont plus producteurs de biens recherchés ou possesseurs de ressources convoitées soit sont identifiés comme des territoires méritant un intérêt et des investissements. Pour autant, aucun territoire ne tombe entièrement dans l’oubli car chacun garde un caractère de marchés secondaires où déverser des biens de consommation. La stratégie des minorés a consisté, et consiste encore, à exiger de sortir de l’oubli, d’exiger l’ajout de chapitres oubliés de l’histoire, de représentations ignorées, de récits marginalisés. Cette stratégie, légitime, produit des rapports de force qui mènent à des changements de regard et d’écriture. Elle est donc à poursuivre. Dans cette contribution, nous voudrions cependant interroger la notion d’oubli. Si le fonctionnement de l’Etat-Nation et le capital « oublient » des territoires et donc leurs habitants, entraînant ainsi leur marginalisation et leur paupérisation, la notion d’oubli est-elle la plus pertinente ? Qu’est ce qui est oublié exactement ? Pour la psychanalyse, le sujet oublie en connaissance de cause même si c’est à son insu. C’est là mais on ne veut pas le voir. Nous voudrions aussi proposer une stratégie qui, partant de l’oubli, cherche à créer des espaces qui ne s’appuient pas sur le master-texte pour le compléter.
Françoise Vergès est actuellement Chaire « Global South(s) au Collège d’études mondiales, Paris et Consulting Professor au Goldsmiths Collge, Londres. Elle a publié de nombreux ouvrages et articles en français et en anglais. Parmi ses dernières publications : « A Sound Like A Rumour » in Kader Attia. RepaiR, Paris, 2014 ; Les armes miraculeuses, Paris, 2014 ; Exposer l’esclavage : méthodologies et pratiques. Paris : 2013. Auteur de films, elle a aussi organisé les visites guidées « L’esclave au Louvre : une humanité invisible » (2012-2013) au Louvre, les expositions « Dix femmes puissantes » (2013) et « Haïti, effroi des oppresseurs, espoir des opprimés » (2014) à Nantes et des performances au Palais de Tokyo dans le cadre de « Flamme éternelle » de Thomas Hirshhorn.

 

Ida Soulard (historienne de l’art, vit et travaille à Paris)
Ida SoulardTératologies féministes
Les Magiciens de la Terre avaient permis en 1989 l’émergence d’une nouvelle cartographie des subjectivités et de leurs expressions. En faisant un pas de côté, il s’agira de considérer les grandes lignes d’une histoire qui a permis la formation de ce nouveau paysage et qui a couru sur les soixante dernières années : celle des mouvements féministes. En traçant une rapide tératologie cognitive et féministe, il s’agira de voir quels sont les monstres, ces figures du négatif, depuis lesquels penser aujourd’hui.
Ida Soulard
est historienne de l’art et co-directrice de Fieldwork: Marfa, un programme de recherche international mené conjointement par les beaux-arts de Nantes et la HEAD-Genève. Elle a co-fondé en 2011 une série de séminaires et de workshops intitulés The Matter of Contradiction (2011-2013), travaille actuellement à l’écriture d’un livre, The Marfa Stratum, en collaboration avec l’artiste Fabien Giraud, et est également co-fondatrice de la plateforme de recherche Glass Bead et de la revue associée, à paraître en 2015. Elle enseigne actuellement à l’école des beaux-arts de Nantes.

 

Jean-Claude Moineau (théoricien de l’art, vit et travaille à Paris)
La querelle de l’universalisme
Jean-Claude Moineau
Après, de l’antiquité tardive au moyen âge occidental en passant par les auteurs arabes, la fameuse querelle des universaux, celle, aujourd’hui, sous différentes appellations, de l’universalisme, de l’universel, voire « des » universels, ne se révèlerait-elle pas elle-même, selon la formule d’Alain de Libera, un véritable « condensateur d’innovations » ? Mais encore assiste-t-on à un double mouvement contradictoire: si toutes les références à l’universel se trouvent suspectées, non sans raison, de particularisme, tout particulièrement d’occidentalocentrisme ; toutes les tentatives en vue d’échapper à l’universel, du préromantisme au décolonialisme, n’en manifestent pas moins toujours une quête résiduelle de l’universel ou d’un universel, quand bien même ce serait d’un universel qui resterait à édifier.
Jean-Claude Moineau, théoricien de l’art. A enseigné, par delà le découpage en disciplines consacrées, l’art et la théorie de l’art à l’Université de Paris 8 et a été, en 2006-2008, conseiller de la 15ème Biennale de Paris. Il est l’auteur notamment de L’Art dans l’indifférence de l’art (Paris, P.P.T., 2001), de Contre l’art global, Pour un art sans identité (Paris, è®e, 2007) et de Retour du futur, L’Art à contre-courant, (è®e/Art 21, 2010).

 

JeromeDavidJérôme David est professeur de littérature à l’Université de Genève. Ses domaines de recherche sont l’histoire comparée de la littérature et des sciences sociales, la mondialisation culturelle et histoire globale de la littérature, la théorie esthétique, la didactique de la littérature. Il a publié plusieurs ouvrages: Spectres de Goethe. Les métamorphoses de la «littérature mondiale», Paris, Les Prairies ordinaires, 2011 ; Balzac, une éthique de la description, Paris, Honoré Champion, coll. «Romantisme et modernités», 2010. ; L’implication de texte. Essais de didactique de la littérature, Presses universitaires de Namur, 2010.
L’arbitrage des mondialités.
Ce que l’on désigne communément par mondialisation embrasse d’innombrables processus dont les vecteurs, les rythmes et les amplitudes sont très hétérogènes. Dans le domaine de la littérature, les réseaux effectifs de circulation des oeuvres ou des esthétiques, parfois fortement disparates, se doublent d’une constellation d’institutions en pointillé: rêves contagieux de Weltliteratur, espoirs d’alliances critiques, patrimoines implicites de publics dispersés. Ces mondialités souvent concurrentes, quelquefois même incommensurables, ne se laissent pas aisément mettre en atlas. Les conceptions indigènes débordent les synthèses savantes; l’histoire disjoint les contemporanéités. L’appariement de ces mondialités exige un arbitrage, dont la justification ressortit à l’épistémologie politique.

 

Joaquín Barriendos enseigne à l’Université de Columbia (Département des Cultures latino-américaines et ibériques). Il était chercheur invité (2010) à l’Institut National d’Histoire de l’Art à Paris (Art et Mondialisation) ; (2009) du programme d’études muséales (New York University). Il a lancé (2009) le projet The Rise of Global Art: A Geopolitical View on the International Contemporary Art System (Université de Barcelone), publié sur les asymétries économiques, esthétiques et épistémiques du ‘monde de l’art global’. Il a publié (2007) Geoestética y Transculturalidad et co-édité (2011), Global Circuits: The Geography of Art and the New Configurations of Critical Thought

 

John Peffer (théoricien de l’art, basé à Johannesburg)
Communiqué from a future where Magiciens never happened
A fictional proposition: an historian from a speculative future sends a letter back in time to a young art historian interested in the global historiography of contemporary art. In this future the acclaimed exhibit « Magiciens de la terre » has never even occurred. The communique enumerates those events and situations, some familiar to our own experience but some unfamiliar, which are understood to have been important art events before and since 1989, but without Magiciens in the picture. This intervention proposes that Magiciens, in the long view, was irrelevant to the current state of ‘global art.’
John Peffer is a specialist in modern African art and photography and Associate Professor of Art History at Ramapo College in New Jersey. He is Past President of the Arts Council of the African Studies Association (ACASA), the author of Art and the End of Apartheid (2009) and co-editor of Photography and Portraiture in Africa (2013). Dr. Peffer’s research has examined the historiography of African Art History, art and visual culture in South Africa during apartheid, and general issues of global modernity and human rights in art, photography, and visuality. During 2015 he is a visiting professor at the Wits Institute for Social and Economic Research and at the University of Johannesburg while conducting research on popular photography in South Africa.

 

Julia Morandeira ArrizabalagaJulia Morandeira Arrizabalaga (commissaire d’exposition indépendante)
Canibalia: a geo-aesthetic of predation
My contribution to the encounter stems from my current project, Canibalia, a research and exhibition which explores the geography -aesthetic, political and colonial- inaugurated by the invention of the cannibal in the 16th century. Further exploring the logic of predation, capture and digestion of the other, it posits a geo-philosophy of perspectives and positions, in which subject, territory and environment reciprocate the plasticity of thought. Thecanibalia is here understood not simply as a geographic emplacement, but as a counter-topia that allow us to puncture, challenge and ultimately expropriate the hegemonic epistemic and visual regime that traditionally framed it. In sum, the project invites to (un)think cannibalism and the cannibal as spaces of dissidence, desire, community, ecology and exchange. Can anthropophagy posit a new logic and vocabulary for an unbounded geo-aesthetic to emerge?
Julia Morandeira Arrizabalaga est chercheuse et curatrice indépendante. Son travail s’intéresse à la mondialisation et aux questions géographiques qui en découlent, à la production et l’exposition de l’art et des images, ainsi que leur inscription en tant que lieux de production de savoirs.  Elle membre de Déclinaison Magnétique, un collectif constitué d’artistes, de commissaires et de théoriciens, qui explore la production d’imaginaires décoloniaux. En ce moment elle est en résidence à la fondation Kadist à Paris, où elle présentera son projet d’exposition Canibalia.

 

Kader Attia (photo: Per Kristiansen)Kader Attia is an Algerian artist, living in Berlin. His work tackles the relations between Western thought and extra-Occidental cultures, particularly through the practice of repairing sacred and profane objects. Recent exhibitions include Contre Nature, a solo show at the Beirut Art Center; Reparatur 5. Acts, a solo show at KW Institute for Contemporary Art, Berlin; Construire, Déconstruire, Reconstruire : Le Corps Utopique, a solo show at Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris; dOCUMENTA(13) in Kassel; and Performing Histories (1) at MoMA, New York.

 

Kapwani Kiwanga (artiste)
Kapwani KiwangaLes projets de Kapwani Kiwanga se matérialisent par : des installations, des vidéos, des installations sonores et des performances. Vérité et fiction sont intentionnellement confondu dans son travail afin de déstabiliser les récits hégémoniques et de créer des espaces dans lesquels les discours négligées, renégates et fantastiques peut se développer.
Kapwani Kiwanga a fait des études d’Anthropologie et de Religions comparée à l’Université McGill (Montréal, Canada). Elle a suivi le programme « La seine » à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris puis le Fresnoy (Studio National d’Art Contemporain), France. Elle fût artiste en résidence à la MU foundation à Eindhoven Pay-Bas.
Deux fois nominée aux BAFTA, ses films ont reçu plusieurs récompenses lors de festivals internationaux. Elle a exposé internationalement, notamment au Centre Georges Pompidou (France), au Glasgow Centre of Contemporary Art (Grande-Bretagne), à la Bienal Internacional de Arte Contemporáneo Almería (Espagne), au Kassel Documentary Film Festival (Allemagne), à la Kaleidoscope Arena Rome (Italie), Paris Photo (France), Musé Ethnographique de Berlin (Allemagne), Jeu de Paume (France), Hebbel Am Ufer (Allemagne), SALT (Turquie). The Swedish Contemporary Art Foundation (Suède).
The Matinga collection: towards a museum of the invisible.
Kapwani Kiwanga presents some key elements from Dr Joy Matinga’s personal collection on immaterial culture and places this collection in dialogue with the correspondences she held with her collegues around the development of a museum of the invisible.

 

Kiluanji Kia Henda
Kiluanji Kia Henda lives and works in Luanda, Angola, and Lisbon, Portugal. This year, his work has been included in the group shows: ‘Tomorrow Was Already Here’, Museo Tamayo, Mexico City; ‘Les Ateliers de Rennes – Biennale of Contemporary Art’, Les Praires, Rennes, France; ‘SuperPower: Africa in Science Fiction’, Arnolfini, Bristol, UK; ‘You Are Now Entering—’, cca Derry-Londonderry, UK; ‘Doublebound Economies’, Halle 14, Leipzig, Germany; and ‘Experimental Station’, Centro de Arte y Creación Industrial LABoral, Gijón, Spain. In 2013, his work will be included in shows at the Calouste Gulbenkian Foundation, Lisbon, the Centre Culturel Gulbenkian, Paris, France, and the Sharjah Art Museum, UAE.

 

Lionel Ruffel (théoricien de la littérature)
Brouhaha, les mondes du contemporain
Lionel Ruffel« Comment penser le contemporain ? », « Comment écrire sur le contemporain ? » : telles furent les questions qui suivirent la plus classique « Qu’est-ce que le contemporain ? ». Car il s’est avéré très vite que cette dernière n’aurait pas de réponse univoque et définitive ; ce qui n’a pas empêché qu’elle se déploie dans tous les champs qui pouvaient être concernés : muséographie, critique d’art, théorie des médias, études littéraires, théâtrales ou chorégraphiques, histoire, philosophie, cultural studies, théorie critique etc. Tous les champs mais aussi un grand nombre d’espaces : du cœur de la modernité euro-états-unienne aux espaces postcoloniaux ; de centres latino-américains aux mégalopoles d’Asie du Sud ; des livres aux revues, des expositions à la toile. Il n’y a pas un contemporain, mais des contemporains, qui s’expriment dans une variété de discours, formant un mode historique de ce brouhaha. Comment rendre compte de cette multiplicité, qui peut parfois être contradictoire ? Certainement pas en l’annexant à une seule localité, qui dirait « le contemporain, c’est ceci ou cela », mais au contraire en suivant les ramifications globalisées d’une préoccupation d’époque, car préoccupation d’époque il y a. Se dégagent alors quelques ensembles transversaux de haute intensité pour une pensée du contemporain : l’exposition et les espaces publics, le temps et les médias, la (dé)canonisation et la traduction, les scènes et les controverses, l’historicité et la mondialité, la culture et l’archéologie.
Lionel Ruffel est professeur de littérature générale et comparée à l’Université Paris 8 et membre de l’Institut Universitaire de France. Il est actuellement Leverhulme Visiting Professor à l’Université St-Andrews. Il est l’auteur de trois essais : Brouhaha, les mondes du contemporain (à paraître, 2015), Le Dénouement (Verdier, 2005), Volodine post-exotique (Cécile Defaut, 2007) ; il a dirigé ou codirigé trois ouvrages collectifs : A quoi jouons-nous ? (Cécile Defaut, 2008),Qu’est-ce que le contemporain ? (Cécile Defaut, 2010), Volodine etc. (Classiques Garnier, 2013, avec Frédérik Detue) et, avec Olivia Rosenthal, un numéro de revue : « La littérature exposée : les écritures contemporaines hors du livre », Littérature, n°160 (4/2010).   Il est par ailleurs co-directeur de la collection chaoïd aux éditions Verdier, ancien co-directeur de la revue du même nom (2000-2007) et membre fondateur du collectif « L’école de littérature ».

 

Maria HlavajovaMaria Hlavajova is the founder and artistic director of BAK, basis voor actuele kunst, Utrecht since 2000, and artistic director of FORMER WEST (2008–2016), which she initiated and developed as an international collaborative research, education, publication, and exhibition undertaking. Hlavajova has organized numerous projects at BAK and beyond, including the series Future Vocabularies (2014–2016), New World Academy with artist Jonas Staal (2013–ongoing), and the international research projects The Return of Religion and Other Myths (2008), On Knowledge Production: Practices in Contemporary Art (2006), Concerning War (2005), and Who if not we should at least imagine the future of all this? 7 episodes on (ex)changing Europe (2004), as well as exhibitions with artists such as Josef Dabernig, Sanja Iveković, Aernout Mik, Artur Żmijewski, Lawrence Weiner, and many others. In 2011, Hlavajova organized the Roma Pavilion, titled Call the Witness, within the framework of the 54th Venice Biennale, Venice, and in 2007 she curated the three-part project Citizens and Subjects, the Dutch contribution to the 52nd Venice Biennale. In 2000 she co-curated Manifesta 3, European Biennial of Contemporary Art, titled Borderline Syndrome: Energies of Defence in Ljubljana. She also edits and contributes to numerous critical readers and catalogs, and lectures frequently on contemporary art. Together with Kathrin Rhomberg, she is a founding director of the tranzit network, a foundation that supports cultural exchange and contemporary art practices in Austria, the Czech Republic, Hungary, Romania, and Slovakia. Hlavajova lives and works in Amsterdam and Utrecht.

 

Malick Ndiaye (historien de l’art, basé à Dakar)
Pour des politiques culturelles génératrices de savoirsMalick Ndiaye
Cette intervention traite des institutions culturelles sénégalaises vis-à-vis d’une écologie des savoirs sur l’art. Depuis les années 2000, des centres d’art émergents – connectés aux discours sur l’art global – dessinent une nouvelle cartographie culturelle à travers des démarches interdisciplinaires : recherche, création, production de connaissances et d’archives. Or, l’institution et l’archive occupaient une place majeure dans les politiques publiques de la culture dont la planification s’est démocratisée depuis les années 1990. Partant d’une approche constructiviste, il s’agit de voir comment les savoirs véhiculés par ces centres d’art submergent progressivement de vieux paradigmes discursifs globalisants hérités d’une histoire intellectuelle des années 1960.
Malick Ndiaye
est historien de l’art. Après un contrat postdoc au Labex C.A.P (CRAL. EHESS/CNRS), il est actuellement Chercheur à l’IFAN/Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Diplômé de l’Institut National du Patrimoine (section Musées) et ancien boursier de l’Institut National d’Histoire de l’Art, il est spécialiste d’art contemporain, des patrimoines africains et des études postcoloniales. Il coordonne diverses activités scientifiques autour de ces thématiques, collabore avec des revues et participe à plusieurs rencontres internationales.

 

Mathieu Kleyebe Abonnenc (artiste, basé à Metz)

Mathieu AbonnencMathieu Kleyebe Abonnenc s’attache à interroger les formes d’hégémonie culturelle sur lesquelles s’est appuyée l’évolution de nos sociétés contemporaines. Qu’il s’agisse de vidéos, de photographies, d’installations, de dessins ou de projets d’exposition, Mathieu Kleyebe Abonnenc explore les principes de représentation dominants en s’appropriant des éléments et des événements préexistants, principalement liés aux histoires impériales et coloniales des pays dits développés. Autant d’objets appartenant à une mémoire collective dont l’universalisme de principe est mis à l’épreuve depuis plus d’un siècle. Chacun de ces éléments nécessite d’être constamment renégocié afin d’en dégager des problématiques contemporaines, en termes de construction d’une identité, d’une communauté, d’une nation, et ainsi permettre par moment de réinventer l’action artistique et politique. Mathieu Kleyebe Abonnenc est diplômé des Beaux-arts de Marseille en 2002. Il a fait parti du programme de recherche La Seine de l’Ecole Nationale supérieure des Beaux-arts de Paris de 2006 à 2008 . Son travail à fait l’objet en 2013 de deux expositions personnelles, Songs for a Mad King à la Kunsthalle de Bâle, Suisse et Kannibalen au Bielefelder-Kunstverein, Allemagne. En 2012, deux institutions, la Fondation Serralves à Porto au Portugal et Pavilion à Leeds en Angleterre, ont organisé des expositions personnelles de l’artiste. Toujours en 2012 , Mathieu Kleyebe Abonnenc a participé à la Triennale de Paris, Intense Proximité, au Palais de Tokyo, ainsi qu’à des expositions collectives à la Fondation d’entreprise Ricard à Paris et l’ICA – Institue d’Art Contemporain de Philadelphie aux États-Unis.
Biographies de quelques agents invisibles biographie d’un agent invisible (phlebotomus abonnenci) tente d’établir une biographie partagée entre d’une part un scientifique et d’autre part un insecte auquel ce scientifique aurait donné son nom. Pour le scientifique et sa descendance, l’insecte apparaît tel un parent, certes non-humain, mais pourtant bien vivant. Si la taxinomie linnéenne et son usage dans la description de la faune permet de nommer un insecte d’après l’un des scientifiques l’ayant rencontré le premier, ne peut-on pas appliquer certains codes de la parenté pour tenter de perturber et d’étendre les effets de cette convention ? Ne peut-on pas imaginer cet insecte, le phlebotomus abonnenci, dont je partage le nom, comme un parent, un aïeul dont la présence et les qualités imprévisibles et informes seraient en même temps mémoire d’un passé localisé et promesse d’un moment où les affinités et les familles auraient excédé irrémédiablement, pour le meilleur et pour le pire, tous ces modes de classification hérités des Lumières ? Il s’agit donc pour moi avec cette proposition de biographies de prolonger ces modes d’associations entre humains et non-humains, en l’orientant vers des objets considérés comme inertes. J’aimerais relier ces effets de retour, pour tenter de décrire ces moments où les choses que l’on croyait connaître nous reviennent à peine changées, mais suffisamment pour modifier irrémédiablement les structures censées les conserver, les décrire ou les exposer. Ces quelques biographies auront donc pour objet une mouche, vecteur de la maladie du sommeil, un parent moustique et son double humain, et enfin quelques objets désormais conservés au musée du Quai Branly à Paris après avoir été longtemps conservés au Musée de l’Homme.

 

Nicolas Vieillescazes (philosophe, éditeur, vit et travaille à Paris)
Nicolas VieillescazesLa totalisation comme impératif

L’intervention de Nicolas Vieillescazes portera sur les critiques « postmodernes » de la notion de totalité dans les années 1970-80 (qui sont essentiellement des critiques du marxisme) et sur la défense forte proposée par Jameson dans une série de textes qui cherchent à articuler des échelles théoriques différentes au sein du concept de cartographie cognitive.
Nicolas Vieillescazes est éditeur aux Prairies ordinaires et traducteur, notamment des ouvrages de Fredric Jameson. Il écrit sur la théorie contemporaine et le cinéma d’horreur et a codirigé deux ouvrages avec Emmanuel Burdeau : The Wire. Reconstitution collective (2011) et Quentin Tarantino. Un cinéma déchaîné (2013).

 

Olivier HadouchiOlivier Hadouchi, historien du cinéma et programmateur de films, est docteur en cinéma (autour des luttes de libération autour de la Tricontinentale). Il est notamment l’auteur d’une monographie consacrée à Kinji Fukasaku (2009) et a publié de nombreux textes dans des ouvrages collectifs et revues (CinémAction, Third Text, Mondes du cinéma, La Furia Umana). A participé à l’exposition collective « Action Painting Publishing !  » (juillet 2012) du groupe « Architectures du colonialisme » créé par Marion Von Osten aux Laboratoires d’Aubervilliers et à l’exposition collective « De Menocchio nous savons peu de choses » (septembre- décembre 2012) à Bétonsalon. Programmations de films pour le BAL, l’HEAD, interventions (colloques, tables-rondes) à Paris, Alger, Beyrouth, Belgrade, Berlin, Béjaïa, Lyon, Nantes, Lorient. Il est membre de l’équipe de programmation du Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (L’ecran).

 

Olivier Marboeuf est commissaire indépendant, auteur et performer. Il est directeur artistique de l’Espace Khiasma depuis 2004 et du Musée Commun à Saint-Blaise (Paris XXème) depuis 2013.
Olivier MarboeufL’institution gazeuse – performance
Rassemblements fortuits, alliances, émeutes, l’institution gazeuse apparaît et disparaît sans cesse. Elle n’a pas d’annonce, ni d’employés ou de programme. On n’y parle jamais de budget, ni de stratégie. Elle n’a de lieu qu’une intensité, une vitalité, un spin. Elle est toujours au bord de l’effondrement, de son propre épuisement car sa vocation est de se vider à chaque fois totalement et sans réserve. On n’y stocke rien. On la perd de vue dans les milieux autorisés. Les conseillers dans les vernissages l’annoncent enfin disparue, et à chaque fois elle reprend forme dans de nouveaux corps, de nouveaux récits provisoires. Elle laisse une trace diffuse, elle hante ; tel est son programme. C’est une tentative, une pratique du vivant, une puissance invitante sans contours et sans taille. Elle ne prend forme qu’un instant, on la voit alors avec une clarté éblouissante. L’institution gazeuse n’a pas de vocation particulière. C’est dans le désœuvrement qu’elle trouve sa raison d’être, dans son active disparition. Elle ne subit pas, elle agit vers un état fantôme. C’est un champs de particules, une franchise de la disparition, un rhizome, une constellation mondiale et invisible.
Après des études de sciences et un parcours dans l’édition, Olivier Marboeuf fonde l’Espace Khiasma, lieu dédié aux arts visuels et à la littérature contemporaine basé aux Lilas (93) dont il assure la programmation artistique. Son parcours s’articule autour des problématiques du rapport du texte et de la voix avec l’image fixe ou animée et plus largement autour des enjeux de transmission. Il a enseigné les arts visuels à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Nancy et intervient  dans des écoles et institutions. S’intéressant à la dynamique des narrations spéculatives comme outils de théorie critique, ses recherches l’emmènent à s’impliquer dans les pratiques cinématographiques contemporaines en tant que producteur. Au sein de la plate-forme PHANTOM, il accompagne et réalise des programmes de films d’artistes. Olivier Marboeuf est également membre du Conseil d’Administration de TRAM, réseau francilien des lieux dédiés à l’art contemporain. En 2012, il a été commissaire associé à la Biennale de Cotonou.

Olu Oguibe


Olu Oguibe
 est un artiste et professeur aux Départements d’Art et d’Histoire de l’Art et à l’Institute for African American Studies, de l’Université du Connecticut.

 

Pascale Casanova (théoricienne de la littérature)
Pascale Casanova est chercheure et professeure de littérature à Duke University. Elle a publié, outre de nombreux articles sur la littérature mondiale, « Beckett l’Abstracteur » (Seuil 1997) ; « La République mondiale des Lettres » (Seuil 1999, Points-Essais 2008), traduit dans une douzaine de langues ; « Kafka en Colère » (Seuil, coll. Fiction et cie., 2012).

 

Pedro Lasch - Portrait GwangjuPedro Lasch (Mexico/US) has taught art and art theory at Duke University since 2002. He has also led on-going projects with immigrant communities and 16 Beaver Group in New York since 1999. His solo exhibitions and projects include Open Routines (Queens Museum of Art, 2006), Black Mirror (Nasher Museum of Art, 2008), and Abstract Nationalism (The Phillips Collection, 2014); he has also participated in group exhibitions at MoMA PS1, MASS MoCA, Walker Art Center, (U.S.A.); Royal College of Art, Hayward Gallery, Baltic (U.K.); Centro Nacional de las Artes, MUAC (Mexico); the Gwangju Biennial (South Korea), and Documenta 13 (AND AND AND). The author of two books, his art and writings have also appeared in numerous catalogues and collections, as well as journals like October Magazine, Art Forum, ARTnews, and Rethinking Marxism, and international news media like The New York Times and La Jornada.
‘New Anthems for a New World Order: France, Greater Mexico, and a Latino USA’
‘Nuevos himnos para un nuevo order global: Francia, Greater Mexico, y un EEUU latino’
‘Nouveaux hymnes pour un nouvel ordre global : France, Greater Mexico et des Etats-Unis latinos’

 

Revue Afrikadaa
Pascale OboloPascale Obolo est rédactrice en chef de la revue Afrikadaa et cinéaste. Née à Yaoundé, Cameroun, elle étudie au Conservatoire Libre du cinéma Français en section réalisation, puis obtient un master de cinéma expérimental à l’université de Paris VIII. Ses premiers films documentent le début du mouvement Hip Hop. Cinéaste féministe, elle a également porté son regard sur la place de la femme dans les milieux artistiques. Ses films ont été montrés et primés dans de nombreux festivals. Sa démarche artistique de cinéaste est souvent issue des arts plastiques et numériques, rompant délibérément avec les codes narratifs traditionnels Activiste, son travail interroge les mémoires, l’identité, l’exil, l’invisibilité. Ses travaux ont été exposés au Parc de la Villette, au Musée du Montparnasse, au Musée du Quai Branly, au Mac Val, à la Biennale de Dakar. En 2013, son film Calypso Rose, the lioness of the jungle remporte au FESPACO le prix Yennega d’argent. Pascale Obolo est à l’origine d’Afrikadaa Lab: revue d’art contemporain, laboratoire intellectuel et artistique qui a pour vocation de créer une dynamique de création dans les territoires africains et et ceux de la diaspora.
Louisa BabariLouisa Babari est née à Moscou, elle vit et travaille à Paris. Ses études à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et un cycle d’Etudes Contemporaines, Russe et Cinéma, aux Langues’O achevés, elle voyage en ex-URSS élaborant une série de carnets de voyage destinés au cinéma et travaille à l’unité Fiction d’ARTE sous la direction de Pierre Chevalier. Nait debut sa société de production dans laquelle, elle écrit divers textes pour le cinéma et réalise des films expérimentaux. Elle s’investit également dans le soutien et la production de nombreux films singuliers, sélectionnés dans nombreux festivals internationaux. En 2009, elle crée avec Eglantine Planchon une plate-forme de recherche sur la relation entre l’artiste, le jeune public et l’Institution dans l’éducation à l’art des enfants. Elle collabore avec la fondation Louis Vuitton pour l’art contemporain sur un programme de médiation. Son travail d’artiste l’amène à concevoir des films, des installations sonores et une œuvre de collages qui investit le champ du cinéma. Son travail est exposé en France et à l’étranger et donne lieu à une publication en 2013, Aesthetics of the antrum, pour la maison d’édition madrilène, Cabeza de chorlito. Elle contribue et participe au développement d’Afrikadaa, première revue interactive africaine francophone dédiée à l’art contemporain pour laquelle elle rédige articles et essais et produit rencontres et performances.
Leur intervention sera présentée sous forme d’un manifeste performé intitulé « Musée l’ont l’eux » (Créole fictif, traduction : Muselons Le)

 

Romain Bertrand
Romain Bertrand joined CERI in 2001 and became senior research fellow in 2008. He graduated from Sciences Po Bordeaux in 1996 and received his PhD degree from Sciences Po in 2000. His dissertation focused on the entry-paths into political careers of the members of Javanese aristocracy in Dutch Indonesia between 1880 and 1930. He sat on editorial boards of the journals Raisons politiques, Critique internationale, Politix and Genèses and is currently a member of the editorial board of Annales. Histoire, sciences sociales, and sits on the peer-review board of Moussons. He was visiting fellow at Universiti Kebangsaan Malaysia and at Nuffield College, Oxford, and visiting professor at the Department of International Relations of Fudan University, Shanghai and at the Department of Sociology of the New School for Social Science Research in New York. More recently, he lectured at Cornell University (Blumenthal Lectures), at the New School in New York (Hans Speier Lectures), and was keynote speaker at the annual congress of the Koninklijk Nederlands Historisch Genootschap. At Sciences Po, he is in charge, together with Stéphane van Damme (Centre of History) of the research seminar L’épreuve des Indes about the circulation and the construction of the historiography of knowledge of “the imperial encounters” in the modern era.

 

Susana Torres (artiste, basée à Lima)
Susana TorresLe Musée Neo Inka :Le retour des Incas (non recyclables).
« (…) pendant quinze ans (une génération), j’ai postulé le Musée Néo-Inka comme utopie collective inconsciente, d’une Huaca (post)moderne. La reconstruction continue, toujours inachevée, d’un musée imaginaire, par trop réel. Et abordable : un luxe pas cher pour un fantasme de musée, converti maintenant en espace domestique et en même temps en délire muséal. » S.T.
Née en 1969 à Lima, au Pérou. Vit à Lima. Artiste autodidacte, Susana Torres suit des études d’histoire de l’art, ainsi que plusieurs formations en cosmétologie et maquillage artistique. Elle fait partie de la génération d’artistes qui a lutté pour le rétablissement de la démocratie au Pérou durant la dictature d’Alberto Fujimori, dans les années 1990. Membre fondateur du collectif Sociedad Civil, qui a réalisé d’importantes actions publiques pour protester contre ce régime dictatorial, Susana Torres a également travaillé dans la direction artistique et la conception visuelle de films, dont Madeinusa en 2005 et La teta asustada de Claudia Llosa entre 2007 et 2008. Utilisant la peinture, la céramique, la gravure, le design textile et la performance, Susana Torres s’inspire des éléments de l’identité péruvienne chola, terme désignant à la fois une forme de métissage et le produit du mélange entre tradition et modernité. Témoignage de la complexité du mélange culturel propre au Pérou, son travail fusionne les esthétiques pop et traditionnelles indiennes, pour un résultat kitsch.
Susana Torres a réalisé plusieurs expositions personnelles à Lima, dont La vandera et Tamatetita à la Galerie Parafernalia en 1995 et 1996, Inka pop: El retorno de los Inkas (no retornables) à la Galerie John Harriman en 1999, Peruvian Beauty: Centro de Estéticas à la Sala Luis Miró Quesada Garland en 2004, Campaña Escolar – Honor al mérito au Centro Cultural Peruano Británico en 2007, et El repase. Muestra antológica de Susana Torres 1992-2007 à la Sala Raúl Porras Barrenechea en 2007.

 

Tania Bruguera
Tania Bruguera is an interdisciplinary artist working primarily in behavior art, performance, installation and video. She has been a participant in Documenta 11 (Germany) as well as in several biennales such as Venice (Italy), Johannesburg (South Africa), Sao Paolo (Brazil), Shangai (China), Havana (Cuba), and Site Santa Fe (United States.) Her work has also been exhibited at The New Museum of Contemporary Art (United States); The Museum of Contemporary Art of Chicago (United States); in Europe, Asia and South America. She has lectured extensively internationally among others at The New School in New York, The School of the Art Institute in Chicago, The Royal College of Art in London and The Museum of Modern Art in New York.
Bruguera was featured in « Fresh Cream » (Ed. Phaidon, England); « Performance Live Art Since 1060’s » (Ed. Thames and Hudson, Ltd., England); “Art Tomorrow” (Ed. Terrail, France); Holy terrors: Latin American women perform (Ed. Duke University, United States); “Corpus Delecti -Performance Art of the Americas” (Ed. Routledge, England); New Art of Cuba (Ed. University of Texas Press, United States.) She received her MFAs from The School of the Art Institute of Chicago (United States) and Instituto Superior de Arte (Cuba). Her BFA is from Escuela de Arte San Alejandro (Havana). She currently lives and works between Chicago and Havana. She is the founder / director of Arte de Conducta, the first performance studies program in Latin America, hosted by Instituto Superior de Arte in Havana and is faculty at The School of the Art Institute of Chicago.

 

Vincent Message
Les musées de notre pays
Vincent MessageCertains font des rapports sur la construction de la muraille de Chine ou produisent une histoire heurtée et lacunaire de leur enfance. Mais il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de faire un rapport sur les musées de notre pays. Ils ne sont pas faits de briques ou de pierres, de métal et de verre : ils apparaissent et disparaissent autour de nous, tout le temps. On n’y entre pas pour comprendre tout de suite. On veut rester hanté par ce qu’on a vu, on désire que le sens échappe. Lâcher prise carrément, pour ne retrouver des prises qu’ensuite, ou peut-être pas du tout. Du moins, c’était ainsi jusqu’à ce que se manifeste le parti de celles et de ceux qui ne mettent jamais les pieds dans les musées de notre pays.
Vincent Message est romancier et essayiste. Il enseigne la littérature générale et comparée et la création littéraire à l’Université Paris 8 Saint-Denis. Paru en 2009, son roman Les Veilleurs (Seuil) détourne les codes du roman policier pour s’interroger sur la fascination que peuvent exercer les figures de meurtriers et de fous. Dans Romanciers pluralistes (Seuil, 2013), il se penche sur le travail de romanciers qui mettent en scène des sociétés déchirées par des conflits de valeurs. Les oeuvres de Robert Musil, de Carlos Fuentes, de Thomas Pynchon, de Salman Rushdie et d’Edouard Glissant y occupent le premier plan. Tout en élaborant une poétique pluraliste, fondée sur l’art de manier les multiplicités, l’essai met en lumière la pensée du politique qui structure ces romans.

 

Vincent Normand (auteur et commissaire d’expositions)
Le cercle magique : champ étendu et positivisme anthropologique
Vincent NormandSi Les Magiciens de la Terre est intervenu comme un événement marquant l’avènement de l’art comme signifiant global, et si cette exposition a contribué à précipiter un « tournant ethnographique » dans la pratique artistique (et, ainsi, à rendre explicite le primitivisme qui a travaillé en creux la longue histoire du modernisme), ses conséquences pour l’espace contemporain de l’art semblent encore difficiles à saisir, tant elles en constituent les scripts implicites ou l’arrière-plan tacite. Cette intervention proposera de contribuer à la conversation collective en dirigeant notre attention vers la manière dont « l’effet Magiciens » peut être mobilisé comme le moment d’intensification spécifiquement postmoderne d’une contradiction inscrite dans l’institution moderne de l’art, relative à son universalisme implicite. Il s’agit donc d’inscrire « l’effet Magiciens » comme un symptôme dans une histoire attentive à l’ontologie historique de l’oeuvre d’art, et ainsi d’affirmer une telle historiographie comme le moyen d’en reformuler et d’en dépasser les contradictions.
Vincent Normand est auteur et commissaire d’expositions. Ses projets d’expositions incluent Sinking Islands (Mexico City : LABOR, 2012), Fun Palace (Paris : Centre Pompidou, 2010) ainsi que le triptyque The Sirens’ Stage / Le Stade des Sirènes / Lo Stato delle sirene (Londres : David Roberts Art Foundation ; Paris : Fondation Kadist ; Rome : Fondazione Nomas, 2010). Il est co-auteur du film Contre-Histoire de la Séparation (avec Etienne Chambaud, 2010). De 2010 à 2012 il a co-édité la revue Criticism et co-dirigé le centre d’art Forde à Genève. Il co-dirige désormais le journal et plateforme de recherche Glass Bead (glass-bead.org), et enseigne à l’Ecole Cantonnale d’Art de Lausanne (ECAL). Sa recherche a notamment fait l’objet de conférences au Centre Pompidou (Paris), au Banff Center (Banff, Canada), à Artist’s Institute (New York), ou au Witte de With (Rotterdam). Il est par ailleurs membre de Synapse – International Curators Network au Haus der Kulturen der Welt, Berlin. Ses articles ont été publiés dans les revues MAY, Witte de With Review, Critique d’Art, et Kaleidoscope. Ses textes récents comprennent Echiquiers et Ronciers (in Pierre Huyghe, Paris : Centre Pompidou ; Cologne : Ludwig Museum ; Los Angeles : LACMA, 2013), The Unlimited Realm of the Limit: Objectivity and Schizophrenia (wdwreview.org) et In the Planetarium: the Modern Museum on the Anthropocenic Stage (in Art in the Anthropocene: Encounters Among Aesthetics, Politics, Environments and Epistemologies, Open Humanities Press, 2015, ed. Heather Davis and Etienne Turpin).

 

Yves Mintoogue (doctorant en science politique)
La question de la mondialisation de l’art : une métonymie ?
Yves MintoogueDepuis « Les Magiciens de la terre », l’hégémonie du canon esthétique eurocentré a en effet été ébranlé par l’émergence d’autres récits et des histoires alternatives de l’art. La portée et les enjeux finaux des débats sur les modèles géoesthétiques qui s’en sont suivis ne s’appréhendent peut-être que si l’on postule qu’ils rejouent et métaphorisent, au plan esthtique, les conflits politiques, les crises multiformes et les débats intellectuels de notre temps, suscités par la « vision téléologique, qui définit le « progrès » [et la modernité] exclusivement comme la reproduction du modèle de développement occidental »[1]. Formulé de cette manière, le problème de fond apparaît comme étant celui du rapport aux différences historiques de notre monde globalisé et de leur actualisation dans un régime géoesthétique. Cette communication développera l’hypothèse que l’on peut aborder la recherche de régimes géoestétiques « équitables » comme une métonymie, la partie prise pour le tout, d’un ensemble plus grand de questions théoriques et politiques sur la transformation sociale et les conditions du vivre ensemble aujourd’hui. Ainsi, la réflexions sur la mondialisation de l’art pourrait légitimement s’inspirer des expériences d’approfondissement démocratique par la reconnaissance d’un « droit à la différence dans l’égalité » des minorités qui, au fond, traduit moins l’affirmation des identités et des dissemblances que celle des droits politiques, de choix éthiques/esthétiques et d’une humanité aussi ordinaire que toutes les autres. Resterait à voir comment se traduirait, dans les institutions muséales, cette pluralité, cette équité et la « banalité » de toutes les manières d’être humain. [1] Cf. Pankaj Mishra, « The Western model is broken », publié récemment sur le site du Guardian: https://www.theguardian.com/world/2014/oct/14/-sp-western-model-broken-pankaj-mishra, consulté le 05 janvier 2015.
Yves Mintoogue est né au Cameroun. Etudes d’histoire à l’université de Yaoundé 1, puis de science politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il est doctorant. Ses recherches portent principalement sur le domaine d’action et la créativité politique des couches populaires de la société camerounaise à l’époque coloniale, et notamment chez les militants du mouvement nationaliste camerounais. Il a été lauréat de la bourse « Mondialisation et études culturelles » et chargé de recherche au « programme Recherche et Mondialisation » du Centre Pompidou en 2013, puis lauréat de la Bourse doctorale de la Fondation Martine Aublet (Musée du Quai Branly) pour l’année académique 2013-2014.