symposium-performance
Fondation Gulbenkian & Les Laboratoires d’Aubervilliers
Au delà de l'effet-Magiciens
Les invités
Kader Attia (artiste), Joaquin Barriendos (théoricien de l’art), Romain Bertrand (historien), Tania Bruguera* (artiste), Fernando Bryce (artiste), Gustavo Buntinx (curateur, historien de l’art), Pascale Casanova (théoricienne de la littérature), Eder Castillo (artiste), Emmanuelle Chérel (historienne de l’art), Cesar Cornejo (artiste), Jérôme David (théoricien de la littérature), Charles Esche (curateur, théoricien), Olivier Hadouchi (docteur en cinéma), Kiluanji Kia Henda* (artiste), Maria Hlavajova (directrice artistique BAK), Eduardo Jorge (écrivain), Mathieu Kleyebe Abonnenc (artiste), Kapwani Kiwanga (artiste), Pedro Lasch (artiste), Olivier Marboeuf (directeur artistique de Khiasma), Vincent Message (essayiste, romancier), Yves Mintoogue (doctorant en science politique), Jean-Claude Moineau* (théoricien de l’art), Julia Morandeira Arrizabalaga (commissaire d’exposition), Malick N’Diaye (historien de l’art), Vincent Normand (auteur, commissaire d’expositions), Olu Oguibe (artiste), John Peffer (théoricien de l’art), Estefanía Peñafiel Loaiza (artiste), Revue Afrikadaa (Pascale Obolo, Louisa Babari), David Ruffel (directeur artistique), Lionel Ruffel (théoricien de la littérature), Elena Sorokina (commissaire d’exposition), Ida Soulard (historienne de l’art), Boaventura de Sousa Santos (sociologue), Camille de Toledo (écrivain, artiste), Susana Torres (artiste), Françoise Vergès (politologue), Nicolas Vieillescazes (philosophe)
Boaventura de Sousa Santos is Professor of Sociology, University of Coimbra (Portugal), and Distinguished Legal Scholar at the University of Wisconsin-Madison. He earned an LL.M and J.S.D. from Yale University and holds the Degree of Doctor of Laws, Honoris Causa, by McGill University. He is director of the Center for Social Studies at the University of Coimbra and has written and published widely on the issues of globalization, sociology of law and the state, epistemology, social movements and the World Social Forum. He has been awarded several prizes, most recently the Science and Technology Prize of Mexico, 2010, and the Kalven Jr. Prize of the Law and Society Association, 2011. His most recent project ALICE: Leading Europe to a New Way of Sharing the World Experiences is funded by an Advanced Grant of the European Research Council. The project was initiated in July 2011 and will continue for the next five years. His most recent books in English are: Toward a New Legal Common Sense: Law, Globalization and Emancipation. London: Butterworths, 2002; (editor) Democratizing Democracy. Beyond the Liberal Democratic Canon. London: Verso, 2005; (co-editor, with Cesar Rodriguez-Gavarito) Law and Globalization from Below: Towards a Cosmopolitan Legality. Cambridge: Cambridge University Press, 2005; The Rise of the Global Left: The World Social Forum and Beyond. London: Zed Books, 2006; Another Production is Possible: Beyond the Capitalist Canon. London: Verso, 2006; Another Knowledge is Possible: Beyond Northern Epistemologies. London: Verso 2007; Cognitive Justice in a Global World: Prudent Knowledges for a Decent Life. Lanham: Lexington Books, 2007; Voices of the World. London: Verso 2010; Epistemologies of the South: Justice against Epistemicide (Paradigm Publishers, 2014); If God Were a Human Rights Activist (Stanford University Press, 2015, forthcoming).
Camille de Toledo (écrivain, artiste, commissaire, vit et travaille à Berlin)
« Eutopia : le pays où la traduction est la langue »
Quelle histoire du décentrement, du déséquilibre, du vertige, se dessine, à partir de cet espace que je nomme « entre-des-langues » ? Quelles mondes, quelles communautés, quelles appartenances se pensent à partir de « la traduction-comme-langue » ? En quoi le travail sur l’écart et l’espace qui s’ouvre, entre les langues, m’a aidé à habiter le non-lieu, l’u-topos où nous sommes ? Quels liens se tissent entre cet espace et la nécessité de reconstruire un horizon d’attente et comment ce que je nomme « espoir », au sens de Ernst Bloch, ou « potentialités » ou « futurs » se déploient à partir d’une mémoire juive éclatée ? Ce sont ces questions que je tenterai d’ouvrir en évoquant « Eutopia », un projet aux dimensions multiples, documentaire, théorique, plastique, et littéraire…
Camille de Toledo vit à Berlin. En 2004, il obtient la bourse de la Villa Médicis dans les deux catégories “cinéma” et “littérature”. En 2005, il entreprend l’écriture de Strates : une archéologie fictionnelle, ou apparaît pour la première fois le thème du ‘vertige’. Au printemps 2008, il crée la Société européenne des Auteurs, conçue comme une « fiction institutionnelle ». En 2010, il est en résidence à la Ménagerie de Verre. Son installation, “Hantologie-s : une résidence surveillée” provoque son exclusion. En mars 2010, son roman, Vies pøtentielles, paraît aux éditions du Seuil. En 2013, il signe le livret et la vidéo de l’opéra La Chute de Fukuyama, présentée Salle Pleyel. A Berlin, en 2014, il présente « Sécession ». Au sein de l’entité Mittel-Europa, il travaille actuellement à plusieurs pièces et narrations, notamment : « L’exposition potentielle », « History reloaded » et une utopie aux dimensions multiples intitulée « Eutopia : le pays où la traduction est la langue », sous le nom CHTO.
Cesar Cornejo (artiste, basé à Lima, Pérou)
Puno Museum of Contemporary Art Conciliating Opposites
The Puno Museum of Contemporary Art was created in 2007 as a response to the absence of a museum of contemporary art in Peru at that time. It departs from the premise that in order to create a model of museum that responds to the reality of a place of extreme economical, social and cultural differences like Peru, it needs to depart from the existing resources or lack of them, to create a model that embodies the same reality rather than imposing an artificial one. Puno MoCA stands as an alternative to the traditional model of museum at different levels including the exhibition space, relationships between viewer and the host, who beyond benefiting from being part of the experience of having art works displayed in their homes, sees in it the much more mundane but concrete purpose of having their homes improved.
Cesar Cornejo has received awards from the Creative Capital Foundation, Lower Manhattan Cultural Council, The British Council and the Ministry of Education of Japan among others. He has exhibited and completed public projects in South America, Asia, Europe and the US. His work has been included in exhibitions like V Bienal el Barro, Venezuela, S-Files Museo del Barrio, NY, Busan Biennial in South Korea and Art Positions at Art Basel Miami 2011. His work will also be included in the Havana Biennial 2015 and the In+Out 2015 pilot project for the Poznan Biennial in Poland. He received a PhD in Fine Arts from the Tokyo University of the Arts and a license in Architecture from the Ricardo Palma University in Lima Peru. He is associate professor of art at the University of South Florida in Tampa.
Charles Esche (curateur et théoricien)
Charles Esche (1962) is a curator, director, writer and Afterall publisher. In April 2014, he was awarded Bard College’s Audrey Irmas Award for Curatorial Excellence. The prize honors multiple things including Esche’s endless commitment to rethinking what art can do and redefining what it can be. He currently directs the Van Abbemuseum in Eindhoven, and over the past two decades has been involved in exhibitions as:Strange and Close at CAPC, Bordeaux (2011); An Idea for Living at the U3 Slovene Triennale (2011);the 2nd and 3rd RIWAQ Biennials in Ramallah, Palestine (2007/2009); the 9th International Istanbul Biennial (2005); and the 4thGwangju Biennale, Republic of Korea (2002). He curated the 31st Sao Paulo Bienale which opened in the fall of 2014.
Gustavo Buntinx (historien de l’art, curateur, vit et travaille à Lima)
« Magna cum laude » de l’Université Harvard, Gustavo Buntinx (Pérou, 1957) a enseigné à l’Université de San Marcos (San Marcos), de Lima, de Buenos Aires (UBA), l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM) et de Sao Paulo (USP). Ses projets curatoriaux et livres les plus connus explorent les relations entre l’art et la violence, l’art et la politique, l’art et la religion. Dans cette lignée, EPS Huayco : document (2005). En tant qu’historien de l’art et commissaire, et alors qu’il est d’abord spécialiste de questions contemporaines, il a également édité des publications importantes sur l’esthétique coloniale et républicaine. Ses publications et expositions ont été accueillies par des institutions péruviennes (Museo de Arte de Lima, Instituto Cultural Peruano Norteamericano, Bienal de Trujillo, entre autres) et internationales (MIT Press, Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey, Museo Real de Bélgica, International Center for Visual Arts de Londres, Museo Extremeño e Iberoamericano de Arte Contemporáneo en Badajoz, New Museum de Nueva York, Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires, et autres). Il a dirigé à Lima le Museo de Arte Italiano et le Musée d’Art de San Marcos et été, de 2001 à 2006, directeur général du Centre Culturel San Marcos. Depuis deux décennies, il est le chauffeur/curateur du Micromuseo, un projet de musée alternatif, conçu à l’origine, en réponse à la carence d’institution muséale au Pérou. Buntinx est membre fondateur de plusieurs institutions civiques et académiques. Il a participé à Sociedad Civil, le collectif créateur de «Lava la bandera » et à d’autres initiatives citoyennes qui ont bénéficié d’un grand soutien populaire et joué un rôle important dans le renversement culturel du gouvernement d’Alberto Fujimori.
David Ruffel (directeur artistique de Masnâa, vit et travaille à Casablanca)
Ce qui est là
David Ruffel est le directeur artistique de MASNAÂ, manifestation pluridisciplinaire et internationale à Casablanca. Il co-dirige la structure L’école de littérature qui organise depuis 2011 des projets transnationaux réunissant en France et au Maroc des écrivains, des artistes, des chercheurs, des étudiants principalement marocains, français, états-uniens et du monde arabe. Il co-dirige la collection chaoïd aux éditions Verdier en France. Il est spécialiste de littérature contemporaine et a publié de nombreux articles dans des revues. Il a été co-commissaire de l’exposition « L’Hors » à Toulouse en 2004 et commissaire de l’exposition « Vidéopoésie » à Casablanca en 2012 (Galerie Fatma Jellal).
Eduardo Jorge (écrivain, essayiste)
Vers une pensée morphologique: une topologie des fictions critiques.
Pourquoi parlons-nous d’une topologie de la fiction critique ? Si chaque fiction pouvait se représenter comme un nœud dans l’espace, nous pourrions cartographier certains lieux inventés par les artistes et les mettre en résonance avec la critique. Nous essayons ici de discuter une morphologie de la fiction afin de repenser cette dernière au moyen de concepts appartenant à d’autres disciplines. Ainsi, une installation ne pourrait-elle pas nous inviter à sortir de l’espace muséal ? Un tel geste constituerait une opération critique qui modifierait le topos de l’exposition. On propose une lecture rétroactive de l’installation Mission/Missions, conçue en 1986 par Cildo Meireles et montrée en 1989 pour l’exposition Magiciens de la terre ; on pourrait même reconstruire une fiction critique de cette œuvre, en considérant les 2.500 tibias de bœufs, les 700 hosties et les 600 000 pièces de monnaies au regard de son sous-titre qui fait allusion à l’art de bâtir des cathédrales.
Eduardo Jorge a soutenu une thèse sur les textures de l’animalité dans la littérature et les arts visuels en cotutelle entre le département de philosophie à l’ENS (Paris) et le département de théorie de la littérature de l’Université Fédérale de Minas Gerais (UFMG) sous la direction de Dominique Lestel et Maria Ester Maciel. Il développe le projet de recherche « Peuples sans carte, cartes sans peuple (Images et puissances de la terre) » à l’Institut d’Études du Langage (IEL) de l’Université de Campinas – (Unicamp/FAPESP) à São Paulo, au Brésil.
Elena Sorokina
(Science) Fictional Universalism
This presentation is based on the project Zero Gravity Revolt (2012), which designed a speculative museum of the future. Based on the rare texts from the 1930s Soviet science fiction, the history displayed and narrated in this museum follows the example of a classical dystopia applied to today’s concerns. It starts with a diplomatic agreement organizing the colonisation of the Solar System, and finishes with the end of the Anthropocene world. This presentation, entitled (Science) Fictional Universalism, is an exhibition of the exhibition, a « narrated show », reinterpreting the events which constituted the original project. Every exhibition opens more questions than it can answer, and this presentation will focus on issues which remained marginal in the original exhibition: politics and geography of the sci-fi of this particular period and region, and the very early ideas of « mobility », « spatial precarity » as well as 1930s obsession with the ideas of the « universal modernity ».
Elena Sorokina is a Russian-born, Paris based curator and art historian, alumna of the Whitney Museum of American Art ISP in New York. She obtained her masters degree in art history from the Friedrich Wilhelm’s University in Bonn, Germany. She recently co-organized « Spaces of Exception » a special project for the Moscow Biennial, the symposium « What is a postcolonial exhibition? », a collaborative project of SMBA/Stedelijk Museum Amsterdam and the Stedelijk Museum. Her recent exhibitions include (selection): « Temps Trituré. Agnes Varda » at LVMH in Brussels, « Petroliana » at Moscow Museum of Modern Art; « Laws of Relativity » at the Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin; « On Traders’ Dilemmas » at Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco; “Scènes Centrales » at Tri Postal, Lille; « Etats de l’Artifice » at the Musee d’Art Moderne de la Ville de Paris, and others. She published in numerous catalogs, and has been writing for Artforum, Flash Art, Cabinett Magazine, Manifesta Journal, Moscow Art Magazine, and other publications. Sorokina is a frequent speaker in international conferences and has been invited as guest lecturer to ISCP, New York; Garage CCC, Moscow; Centre Pompidou, Paris, and other institutions.
Eder Castillo (artiste, Tlalnepantla, México)
The Museum Inflamable (GuggenSITO)
The cultural institution, the museum as representational space, had been left behind in front of its own dialogue mechanisim crisis, each time farther away from the true themes and social conflicts, the museum have not stablished yet horizontal dialogues with their public. GuggenSITO emerges as alternative critic figure towards the Modern Cultural Institution. It manifests and works as an inflate dispositive, at the same time it emules and deconstructs the monumental architecture of the actual museum, hybrid, habitable sculpture capable of transport itself as many territories as possible. Always in free manner for public use. Its final goal is to be destructed by its own nature. In progress https://www.guggensito.blogspot.mx/
Eder Castillo is an autodidact artist. His work actives and confronts the public space, the limit spaces and the action spaces of the contemporary art. His work has been shown in Sala de Arte Publico Siqueiros; Museum of Art Queretaro; Oaxaca Contemporary Art Museum; Museo Marte, El Salvador; Museum of contemporary Art and Desing, Costa Rica; Plataforma, Bogota; Lugar a dudas, Cali; Art Museum, Puerto Rico; among others. He made an artistic residency at Plataforma Bogota in 2012. He won the FONCA fellowship in 2012-2013 and 2010-2011. He was jury of the Video Festival « Inquieta Imagen 2011 » in MADC, Costa Rica; also in Del Plano al Cubo, organized concourse by Cultural Office of España in Mexico in 2011 among others.
Emmanuelle Chérel (historienne de l’art, Nantes)
Emmanuelle Chérel est docteure en Histoire de l’art contemporain habilitée à diriger des recherches, membre du laboratoire de recherche Langages, actions urbaines et altérités de l’Ecole Nationale d’Architecture de Nantes. Travaillant sur les dimensions politiques de l’art, elle a écrit de nombreux textes (Mouvement, Black Camera, Multitudes, etc) et a publié Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes – Enjeux et controverses (PUR, 2012). A l’Ecole supérieure des Beaux-arts de Nantes, elle mène depuis 2008 le projet de recherche Pensées archipéliques nourri des théories postcoloniales et décoloniales. Elle est membre du groupe Ruser l’image et codirige actuellement avec Fabienne Dumont l’ouvrage « Histoire de l’art et postcolonialité en France : quels enjeux ? » (à paraître aux PUR).
Estefanía Peñafiel Loaiza (artiste, est née à Quito, Equateur, en 1978 et vit à Paris depuis 2002)
Diplômée de l’Ecole National Supérieure de Beaux Arts de Paris, elle a participé à des programmes de post-diplôme, à plusieurs résidences et ateliers, et expose régulièrement en France et à l’étranger. Travaillant avec des médiums et langages divers, parmi les axes thématiques qui traversent ses ouvres se trouvent, un intérêt particulier pour l’histoire et les déplacements, ainsi qu’une exploration constante des tensions entre le visible et l’invisible, l’apparition et la disparition, le regard et la parole.
Recréations – performance
Cela a pu être aussi bien une architecture qu’un site. Un lieu tout autant qu’un pays. Des espaces, des territoires plus ou moins concrets qui me sont apparus à chaque fois comme matière et matériau, support et substance, corps et récit, et que j’ai tenté d’appréhender, dans ma pratique, en les fictionnalisant, en décentrant le regard, en renversant les coordonnées spatiales et temporelles. Dans cette démarche, l’appropriation apparaît parfois comme une pratique nécessaire, mais seulement intermédiaire. À la fin, seule la régurgitation est décisive. Un passage du livre « Ecuador » de Henri Michaux, revisité sous la forme d’une conversation utopique en contrepoint avec le poète.
Fernando Bryce (artiste, Lima/New York)
Fernando Bryce was born in Lima in 1965 and now divides his time between Lima and Berlin. After a short period of studies in Visual Arts at the Catholic university in Lima he travels in 1984 to Paris where he continues his Art Studies at the University of Paris VIII and at the École des Beaux Arts de Paris. Received the prize for the National Biennial of Lima 2000 and the fellowship at the German Academy in Rome, Villa Massimo 2009. Selected Ehibitions of the last years:”To the Civilized World” Gallerie Barbara Thumm, Berlin; “Drawing Modern History”, MALI, Lima, MUAC, Mexico City, MALBA, Buenos Aires, 2011/2012; « El Mundo en Llamas », Alexander and Bonin Gallery, New York, 2011 (Solo Show); Drawn from Photography, The Drawing Center, New York, 2011; Historias de la Vida Material, Fundación Helga de Alvear, Cáceres, 2011; Modelos para armar, pensar Latinoamérica desde la colección del MUSAC, León, 2010; Linie Line Linea, Zeichnung der Gegenwart, Kunstmuseum Bonn, 2010; « L’Humanité », Galería Joan Prats, Barcelona, 2009 (Solo Show);
Françoise Vergès (politologue)
Cartographies et dynamiques de l’oubli
La notion d’oubli –de groupes, de minorités, de territoires, d’histoires—est une constante en politique. Elle sert à articuler la critique d’une marginalisation pour en réclamer la disparition. L’oubli est le résultat d’une idée de l’Etat-Nation (démocratique ou pas) et une nécessité du capital. Une dynamique croisée de ces deux nécessités construit une cartographie d’espaces qui soit plongent dans l’oubli car ils ne sont plus producteurs de biens recherchés ou possesseurs de ressources convoitées soit sont identifiés comme des territoires méritant un intérêt et des investissements. Pour autant, aucun territoire ne tombe entièrement dans l’oubli car chacun garde un caractère de marchés secondaires où déverser des biens de consommation. La stratégie des minorés a consisté, et consiste encore, à exiger de sortir de l’oubli, d’exiger l’ajout de chapitres oubliés de l’histoire, de représentations ignorées, de récits marginalisés. Cette stratégie, légitime, produit des rapports de force qui mènent à des changements de regard et d’écriture. Elle est donc à poursuivre. Dans cette contribution, nous voudrions cependant interroger la notion d’oubli. Si le fonctionnement de l’Etat-Nation et le capital « oublient » des territoires et donc leurs habitants, entraînant ainsi leur marginalisation et leur paupérisation, la notion d’oubli est-elle la plus pertinente ? Qu’est ce qui est oublié exactement ? Pour la psychanalyse, le sujet oublie en connaissance de cause même si c’est à son insu. C’est là mais on ne veut pas le voir. Nous voudrions aussi proposer une stratégie qui, partant de l’oubli, cherche à créer des espaces qui ne s’appuient pas sur le master-texte pour le compléter.
Françoise Vergès est actuellement Chaire « Global South(s) au Collège d’études mondiales, Paris et Consulting Professor au Goldsmiths Collge, Londres. Elle a publié de nombreux ouvrages et articles en français et en anglais. Parmi ses dernières publications : « A Sound Like A Rumour » in Kader Attia. RepaiR, Paris, 2014 ; Les armes miraculeuses, Paris, 2014 ; Exposer l’esclavage : méthodologies et pratiques. Paris : 2013. Auteur de films, elle a aussi organisé les visites guidées « L’esclave au Louvre : une humanité invisible » (2012-2013) au Louvre, les expositions « Dix femmes puissantes » (2013) et « Haïti, effroi des oppresseurs, espoir des opprimés » (2014) à Nantes et des performances au Palais de Tokyo dans le cadre de « Flamme éternelle » de Thomas Hirshhorn.
Ida Soulard (historienne de l’art, vit et travaille à Paris)
Tératologies féministes
Les Magiciens de la Terre avaient permis en 1989 l’émergence d’une nouvelle cartographie des subjectivités et de leurs expressions. En faisant un pas de côté, il s’agira de considérer les grandes lignes d’une histoire qui a permis la formation de ce nouveau paysage et qui a couru sur les soixante dernières années : celle des mouvements féministes. En traçant une rapide tératologie cognitive et féministe, il s’agira de voir quels sont les monstres, ces figures du négatif, depuis lesquels penser aujourd’hui.
Ida Soulard est historienne de l’art et co-directrice de Fieldwork: Marfa, un programme de recherche international mené conjointement par les beaux-arts de Nantes et la HEAD-Genève. Elle a co-fondé en 2011 une série de séminaires et de workshops intitulés The Matter of Contradiction (2011-2013), travaille actuellement à l’écriture d’un livre, The Marfa Stratum, en collaboration avec l’artiste Fabien Giraud, et est également co-fondatrice de la plateforme de recherche Glass Bead et de la revue associée, à paraître en 2015. Elle enseigne actuellement à l’école des beaux-arts de Nantes.
Jean-Claude Moineau (théoricien de l’art, vit et travaille à Paris)
La querelle de l’universalisme
Après, de l’antiquité tardive au moyen âge occidental en passant par les auteurs arabes, la fameuse querelle des universaux, celle, aujourd’hui, sous différentes appellations, de l’universalisme, de l’universel, voire « des » universels, ne se révèlerait-elle pas elle-même, selon la formule d’Alain de Libera, un véritable « condensateur d’innovations » ? Mais encore assiste-t-on à un double mouvement contradictoire: si toutes les références à l’universel se trouvent suspectées, non sans raison, de particularisme, tout particulièrement d’occidentalocentrisme ; toutes les tentatives en vue d’échapper à l’universel, du préromantisme au décolonialisme, n’en manifestent pas moins toujours une quête résiduelle de l’universel ou d’un universel, quand bien même ce serait d’un universel qui resterait à édifier.
Jean-Claude Moineau, théoricien de l’art. A enseigné, par delà le découpage en disciplines consacrées, l’art et la théorie de l’art à l’Université de Paris 8 et a été, en 2006-2008, conseiller de la 15ème Biennale de Paris. Il est l’auteur notamment de L’Art dans l’indifférence de l’art (Paris, P.P.T., 2001), de Contre l’art global, Pour un art sans identité (Paris, è®e, 2007) et de Retour du futur, L’Art à contre-courant, (è®e/Art 21, 2010).
Jérôme David est professeur de littérature à l’Université de Genève. Ses domaines de recherche sont l’histoire comparée de la littérature et des sciences sociales, la mondialisation culturelle et histoire globale de la littérature, la théorie esthétique, la didactique de la littérature. Il a publié plusieurs ouvrages: Spectres de Goethe. Les métamorphoses de la «littérature mondiale», Paris, Les Prairies ordinaires, 2011 ; Balzac, une éthique de la description, Paris, Honoré Champion, coll. «Romantisme et modernités», 2010. ; L’implication de texte. Essais de didactique de la littérature, Presses universitaires de Namur, 2010.
L’arbitrage des mondialités.
Ce que l’on désigne communément par mondialisation embrasse d’innombrables processus dont les vecteurs, les rythmes et les amplitudes sont très hétérogènes. Dans le domaine de la littérature, les réseaux effectifs de circulation des oeuvres ou des esthétiques, parfois fortement disparates, se doublent d’une constellation d’institutions en pointillé: rêves contagieux de Weltliteratur, espoirs d’alliances critiques, patrimoines implicites de publics dispersés. Ces mondialités souvent concurrentes, quelquefois même incommensurables, ne se laissent pas aisément mettre en atlas. Les conceptions indigènes débordent les synthèses savantes; l’histoire disjoint les contemporanéités. L’appariement de ces mondialités exige un arbitrage, dont la justification ressortit à l’épistémologie politique.
Joaquín Barriendos enseigne à l’Université de Columbia (Département des Cultures latino-américaines et ibériques). Il était chercheur invité (2010) à l’Institut National d’Histoire de l’Art à Paris (Art et Mondialisation) ; (2009) du programme d’études muséales (New York University). Il a lancé (2009) le projet The Rise of Global Art: A Geopolitical View on the International Contemporary Art System (Université de Barcelone), publié sur les asymétries économiques, esthétiques et épistémiques du ‘monde de l’art global’. Il a publié (2007) Geoestética y Transculturalidad et co-édité (2011), Global Circuits: The Geography of Art and the New Configurations of Critical Thought
John Peffer (théoricien de l’art, basé à Johannesburg)
Communiqué from a future where Magiciens never happened
A fictional proposition: an historian from a speculative future sends a letter back in time to a young art historian interested in the global historiography of contemporary art. In this future the acclaimed exhibit « Magiciens de la terre » has never even occ