#2 Esquisse d'une Multitude
23h - 00h15

+/- « La multitude se compose d'un ensemble de singularités -et par singularité, nous entendons ici un sujet social dont la différence ne peut se réduire à l'identité, c'est-à-dire une différence qui reste différente. » Multitude, Michael Hardt & Antonio Négri, La découverte, 2004. La multitude, en tant que possible acteur politique, s’oppose à l’idée uniformisante de peuple en ce qu’elle est le lieu de toutes les singularités. Traversée de toutes ses différences, le sujet politique multitudinaire ne s’articule pas seulement aux questions de la classe et de l’exploitation. Depuis le cinéma, nous avons tenté d’esquisser des incarnations, de repérer des traces de cette multitude autant dans des sujets agissants que dans des formes d’agir. Valérie Jouve capte avec une rare beauté, dans un espace pré politique, les circulations de passants, errants formant un tissu de singularité, un réseau à l’état brut, un essaim où chaque visage sera porté dans ce qu’il a de plus vivant. Une métaphore possible de la forme même de la multitude. Dans Le rêve de la vendeuse – Maman ne me l’a pas dit du groupe féministe bolivien Mujeres Creando, les femmes forment une multitude, reliées par un commun qui s’invente dans la chair imaginaire de leurs songes, nécessaire espace de repos pour fomenter leur révolte en devenir. Enfin c’est dans XX Boys, film issu de l’Existrans 2005 (« Marche des “trans” et de celles et ceux qui les soutiennent »), que le projet politique queer s’énonce avec force dans la volonté d’échapper aux injonctions normalisantes pour maintenir, de manière polyphonique, des modes d’existence différenciés.
en présence de Clarisse Hahn + table de presse de la revue Multitudes

+ d'infos Arnaud Valadié - Sciame / Swarm / Essaim (extraits)
+ d'infos Valérie Jouve - Grand Littoral
+ d'infos Maria Galindo - Mama no me lo dijo - Le sommeil de la vendeuse
+ d'infos GAT - Existrans
+ d'infos Clarisse Hahn - BoyZone

Clarisse Hahn – Boyzone – 36min – 2000 – France

BoyZone interroge le statut du corps masculin dans l’image. Ce travail prend comme point de départ les stéréotypes qui déterminent l’appartenance de genre et analyse la manière dont on peut les subir, les utiliser, ou y échapper. Si l’observation du corps masculin est le sujet principal, c’est aussi le regard lui-même qui y est mis en question. L’artiste met le spectateur dans la position inconfortable du voyeur en l’obligeant à s’interroger sur sa manière de regarder les corps. En inversant la structure classique du voyeurisme, Clarisse Hahn met en scène une masculinité qui apparaît exposée, érotisée, trouble. (Giovanna Zapperi pour Multitudes)